De 2007 à juillet dernier où il sera débarqué de son piédestal pour une obscure division qui ne traite que les fiches statistiques, il est à la tête de ce Bureau, pour beaucoup, une pompe à finances. C’est que l’homme est un baron de l’Adema. Il pèse lourd et pouvait même aller jusqu’à refuser une affectation au Bemex, un service pourtant juteux de la Douane. C’était le Bureau du Pétrole ou rien. Il sera entendu. Entendu, Zoumana Mory Coulibaly l’aura aussi été toute la journée d’hier par les hommes de Sombé Théra.
En fait, il avait été convoqué au Pôle économique lundi. Et il y aura passé la nuit. Comme la durée légale de la détention préventive se terminait dans l’après-midi hier mardi, les juges statuaient jusqu’à tard sur son cas. Mise sous mandat de dépôt ou mise en liberté conditionnelle, après inculpation : c’est le schéma classique. Pour quels motifs précis ? Nous n’étions pas en mesure d’être précis à l’heure du bouclage. Certains de nos informateurs parlent de violation et de crapulerie par rapport aux prix à la pompe qui font normalement l’objet d’un décret. D’autres pointent les différents rapports du Vérificateur général.
Aucune information de source judiciaire ne le confirmait à l’heure où nous mettions sous presse. Reste qu’en 2009, – l’inculpé dirigeait l’illustre Bureau-, la primature faisait état de recouvrements par le pôle économique de manques à gagner exigé par le Vérificateur général. Des opérateurs économiques seraient même passés à la caisse. Inculpation, incarcération ou relaxe, les ennuis judiciaires d’un Zoumana Mory Coulibaly en ce moment prêtent à conjecture. L’homme, avec un rare culot, se prononcera très tôt pour la candidature de Modibo Sidibé. Membre du Comité directeur de l’Adema, il se battait, de notoriété publique, pour que son parti adoube l’ancien Premier ministre. Il s’ensuivit une polémique fortement médiatisée en son temps. Les parieurs de la capitale font donc leur jeu. Pour les uns, le président Touré ne pouvait pas mieux prouver son équidistance des candidats déclarés ou supposés qu’en laissant un affidé de Modibo Sidibé se débattre dans les filets de la justice. Pour les autres, inculpé ne veut pas dire forcément condamné et un Zoumana Mory blanchi est un plus grand atout. D’ailleurs, l’officier de douanes a regagné son domicile en début de soirée et devrait repasser aujourd’hui chez le juge. Une des branches sur laquelle l’ancien Premier ministre est assis va-t-elle lâcher ?
Adam Thiam
Le Républicain 28/09/2011