Cette hypothèse a été d’ores et déjà balayée d’un revers de main par les nomades maliens, lesquels soutiennent qu’il s’agit des mêmes espèces bovines aussi bien Mali qu’en Guinée. Et, selon la version d’émissaires, des bergers maliens que nous avons rencontrés, les nomades peulhs, dès leur arrivée en zone de pâturage guinéenne, ont été accueilli par l’injonction de revendre leurs animaux pour acheter des vaches hollandaises. Toutes choses auxquels les allogènes ont refusé de se plier. Mais il n’en fallait pas plus pour déclencher une fusillade massive de leurs troupeaux, à l’issue de laquelle des milliers de têtes tombées sur le coup des rafales, occasionnant des éleveurs complètement démunis et ne sachant à quel saint se vouer.
Au fait, depuis le déclenchement des hostilités, une alerte avait été donnée tout au long de leur trajectoire habituelle, avec notamment cette consigne ferme au niveau de chaque village voisin de la zone de Zèrèkoroni : exiger une rançon de 500 000 francs CFA pour chaque traversée de berger, à défaut de leur retirer une demi-dizaine de têtes par individu. Selon des témoins joints par nos soins depuis la Guinée, c’est le refus des éleveurs d’obtempérer à cette exigence qui a valu à leurs pauvres bêtes d’être la cible de la fusillade. Ceux d’entre eux qui ont réussi à fuir vers la frontière ivoirienne ont pu être interceptés et leurs troupeaux également exécutés par centaines.
Face à cette situation, les bergers ont sollicité l’ambassadeur du Mali à Conakry, Me Hassan Barry. Celui-ci étant en déplacement, il est revenu à l’un de ses conseillers d’effectuer, avec l’aide des forces de l’ordre guinéennes, une mission sur le terrain pour dissuader les belligérants. Mais, selon une autre victime jointe au téléphone, les forces de l’ordre ont dû se résigner dès leur arrivée face aux menaces des mêmes agresseurs. Une délégation d’éleveurs maliens est attendu à Bamako, ce matin, avec pour mission de rencontrer les plus hautes autorités du pays. En attendant cette, l’honorable député élu à Bankass, Hamidou Konaté ainsi que Bocar Sory Traoré de l’association « Tabital Pulaku sont de leur côté à pied d’œuvre pour trouver une issue favorable. L’on se souvient encore des hostilités qui ont eu lieu dans la zone de transhumance à Yorobougoula (Cercle de Yanfolila) entre paysans et bergers peulh et qui ont failli dégénérer en une tragédie, n’eut été l’implication des plus hautes autorités du pays. La crise était en passe de prendre une proportion dangereuse et irréversible.
Pour rappel, lors de la visite d’Alpha Condé au Mali, quelques mois seulement après son accession à la magistrature suprême de son pays, il a été question de supprimer les barrières entre le Mali et la Guinée. Même son de cloche pour son hôte malien qui, à son tour, a cité ce passage de Sékou Touré : « le mali et la guinée sont deux poumons du même corps…. « . Puisqu’il s’agit d’une volonté politique scellée par les pères de l’indépendance et le relai continu, il est temps que les chefs d’Etats africains de la région ouest-africaine s’entendre pour de bon sur la facilitation de la libre circulation des personnes et biens.
Alpha Macky Diakité
Aurore 21/07/2011