Elle dénonce “le haut degré de laxisme, pour ne pas dire de complicité” du Mali avec les terroristes, assurant que les islamistes sont parfois informés à l’avance des opérations menées contre eux. Bien que la diplomate jure de la “bonne foi du président malien” et défende l’augmentation de l’aide américaine à ce pays immense et déshérité, elle constate, à chaque entrevue avec lui, qu’elle recueille les mêmes promesses d’action non suivies d’effet.
La première responsable de l’ambassade américaine au Mali ne manquera alors pas d’enregistrer sans conviction cette “litanie de complaintes contre Bamako”, qui affirme que “les Algériens ne font pas grand-chose”, même si son analyse paraît nettement plus indulgente que celle des diplomates français. Ainsi, alors que l’ambassadeur de France, Michel Reveyrand de Menthon, qui luttait pour obtenir la libération de l’otage Pierre Camatte, avertissait en février 2010 que “si le Mali ne commence pas à se montrer sérieux, les grands bailleurs de fonds internationaux devraient le menacer de couper leur aide”. Ceci étant, les Américains constataient, cependant, les difficultés des autorités maliennes à gérer l’aide militaire qu’ils leur fournissent.
À titre d’exemple, à la fin de l’année 2009, l’ambassadrice a dû recourir au président malien pour que les produits, haricots, riz et carburant, achetés par les États-Unis pour les besoins des troupes maliennes qu’ils entraînent, leur soient rendus par les douanes maliennes après qu’ils eussent été saisis.
Elle a dû également toucher Amadou Toumani Touré pour qu’un avion transportant des blessés américains, suite à un atterrissage forcé, soit autorisé à décoller après avoir été empêché de décoller pendant trois heures de l’aéroport de Bamako, sous prétexte que des taxes n’avaient pas été acquittées.
Un mémo de décembre 2009 sur une cérémonie marquant la fin d’une session d’entraînement de l’armée malienne par des instructeurs américains, donne une idée de ce que pensent réellement les Américains de l’armée malienne. En effet, le capitaine responsable de cette formation indique que chaque soldat malien a tiré 1 000 cartouches pendant les cinq semaines d’exercice, soit autant de cartouches qu’un soldat des forces spéciales américaines tire en un jour, et “probablement plus que ce qu’un militaire malien aura utilisé tout au long de sa carrière”.
La même source ajoute que les soldats maliens, eux, s’estiment satisfaits d’avoir appris à conduire un véhicule et à entretenir leurs armes. Un accrochage avec Aqmi s’est achevé dans un bain de sang car l’unique soldat capable de conduire et de sauver ses camarades avait été tué. De même que le seul militaire formé à l’usage de la mitrailleuse qui aurait pu couvrir leur retraite.
Par ailleurs, un responsable de la rébellion touareg, qui accuse les autorités de Bamako de “collaborer avec Aqmi” en jouant sur deux tableaux : d’abord en tentant de discréditer les Touareg en les assimilant à des islamistes et en traitant avec Aqmi “afin de s’assurer un pourcentage sur une éventuelle rançon”, propose aux Américains de “chasser les islamistes des territoires touareg”.
Comme attendu, le doute s’est installé surtout après l’intervention de l’ambassadeur d’Algérie à Bamako auprès de son homologue américaine pour dénoncer «le haut degré de laxisme, pour ne pas dire de complicité, du Mali avec les terroristes». Il a assuré que «les terroristes d’Al Qaïda au Maghreb sont parfois informés à l’avance des opérations menées contre eux.»
Rassemblés par Abdoul Karim Maïga
L’ Indicateur Renouveau 09/12/2010