La France cherchait vendredi à convaincre les Etats-Unis, très réservés sur sa requête selon laquelle l’ONU pourrait appuyer politiquement et financièrement une force militaire africaine anti-jihadistes dans le Sahel.
Le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Tchad et le Burkina Faso, qui composent le G5 Sahel, ont accepté en mars de constituer une force de 5.000 hommes, chargée de cette mission.
La France a présenté un premier projet de résolution mardi selon lequel cette force militaire pourrait « utiliser tous les moyens nécessaires » pour « combattre le terrorisme, le trafic de drogue et le trafic de personnes ».
Toutefois, ce mandat délivré à la force du G5 manque de précision, ont regretté les Etats-Unis, et une simple déclaration du Conseil, plutôt qu’une résolution, pourrait être suffisante selon Washington.
« Nous trouvons le mandat de cette force beaucoup trop large, manquant de précision », a expliqué un responsable américain, craignant que cela ne « crée un dangereux précédent » en autorisant l’usage de la force pour une large palette d’activités.
Un projet de résolution révisé a été montré au Conseil de sécurité vendredi, précisant que les groupes armés ciblés par la force du G5 Sahel figurent sur la liste des groupes terroristes des Nations unies.
L’Union européenne a déjà accepté de verser 50 millions d’euros pour cette force régionale, mais Washington et Londres ne veulent pas de fonds des Nations unies pour cette opération, ont aussi noté des diplomates.
« Le vrai problème c’est l’argent », a insisté un autre diplomate du Conseil de sécurité qui a souhaité conserver l’anonymat.
« Nous soutenons le principe d’une force conjointe du G5 Sahel comme important exemple potentiel des efforts africains pour combattre l’extrémisme », a repris le diplomate américain. « Mais une résolution du Conseil de sécurité n’est pas toujours la seule, ni la plus sage des solutions pour offrir un soutien politique ».
Un vote sur le projet de résolution français pourrait intervenir la semaine prochaine.
La France a lancé une intervention militaire internationale d’urgence en 2013 pour stopper des groupes jihadistes, proches d’Al-Qaïda, qui occupaient le nord du Mali.
Les jihadistes en ont été en grande partie chassés par l’opération Serval – depuis devenue Barkhane -, qui se poursuit encore dans cinq pays (Tchad, Niger, Mali, Mauritanie, Burkina Faso) de la bande sahélo-saharienne, une zone vaste comme l’Europe.
Des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU, régulièrement visées par des attaques meurtrières, malgré la signature en mai-juin 2015 d’un accord de paix censé isoler définitivement les jihadistes.
(AFP 10/06/17)