Le Colonel-Major Assimi Goita, Président du CNSP, à la tête d’une forte délégation, s’est rendu au Ghana pour convaincre les chefs d’Etat de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, CEDEAO du bien-fondé de son coup d’Etat et de son intention de diriger la Transition. Assimi Goita avait dans sa besace, outre la charte de la transition concoctée au cours des concertations nationales, une batterie de propositions et toutes concourraient au maintien des militaires à la tête du pays pour diriger une transition de 18 mois. Les chefs d’Etat de la CEDEAO, fidèles aux principes de l’organisation sous régionale, se sont montrés inflexibles sur certains points, à savoir la présidence et la Primature aux civils pour éviter de donner une prime au coup d’Etat. Nos jeunes officiers vont-ils enfin se résoudre à remettre rapidement le pouvoir aux civils après cet ultime sommet sur la gestion de la transition au Mali ? Les membres du CNSP se laisseront-ils baratiner par les opportunistes de la 25ième heure du MP4 en engageant une lutte contre la CEDEAO ?
La délégation du CNSP, ragaillardie par les résolutions de la Concertation Nationale et soutenue par une foule sortie à Bamako, le jour du sommet du 15 septembre, avait cru en ses chances de convaincre les chefs d’Etat de la CEDEAO pour une gestion militaire de la Transition au Mali. Assimi Goita, le Président du CNSP et les autres membres de sa délégation ont été reçu à la veille du sommet par le Président Ghanéen, Nana Akufo Addo. Avec lui, il a été surtout question des activités menées depuis le dernier sommet tenu au Niger avant de parler des avancées dans la mise en œuvre de la feuille de route de la CEDEAO pour une gestion efficiente de la Transition. Le Président Ghanéen, après avoir pris bonne note de l’exposé des membres du CNSP, sans en être convaincu, leur a donné rendez-vous le lendemain pour qu’ils fassent le même exercice devant les autres chefs d’Etats de la CEDEAO.
C’est le mardi 15 septembre 2020 que le grand oral du CNSP a eu lieu devant les chefs d’Etats de la CEDEAO parmi lesquels on pouvait citer les Présidents, Sénégalais Macky Sall, Ivoirien Alassane Ouattara, Burkinabé Roch Marc Christian Kaboré, Guinéen Alpha Condé, pour ne citer que ces quelques figures de proue. Le Président du CNSP a détaillé à la virgule près tous les contours de ce qu’ils ont eux-mêmes qualifié de propositions pour la gestion de la transition. Leurs propositions ou schémas de gestion de la transition ne semblent pas avoir l’adhésion des chefs d’Etat de la CEDEAO qui ont au contraire réitéré leur demande de voir des civils occupés les postes clés de la transition comme la Présidence et la Primature. Ils ont accepté le principe des dix-huit mois tout au plus, mais ils se sont érigés contre une vice-présidence pourvue de toutes les prérogatives y compris celle de remplacer le Président de la Transition en cas d’empêchement ou de vacance du pouvoir. Ils sont allés loin en exigeant du CNSP la libération des personnalités arrêtées comme l’ex Premier Ministre Boubou Cissé et l’ex président de l’Assemblée Nationale Moussa Timbiné. Pour Nana Akufo Addo et ses pairs de la CEDEAO, la transition malienne a déjà commencé à courir depuis le 15 septembre date butoir donnée au CNSP pour nommer le Président de la Transition et le premier ministre. Pour les chefs d’Etats de la CEDEAO, les sanctions seront immédiatement levées quand la junte mettra en place les organes de la Transition et dissoudra le CNSP.
En définitive, le mini-sommet des chefs d’Etats de la CEDEAO sur la gestion de la transition au Mali a été le dernier espoir de la junte du CNSP pour gérer la transition. Ils seront désormais tenus pour responsables en cas de dérapages. Donc, pour alléger la souffrance des maliens et assouplir les sanctions sur le Mali, Assimi Goita et ses collègues du CNSP doivent se plier aux injonctions de la CEDEAO.
Youssouf Sissoko