Le 31 mars 2016, la loi sur les autorités intérimaires a été votée par les députés présents et votants à 103 voix pour, zéro contre et zéro abstention. Et cela après que l’opposition ait protesté vigoureusement et quitté la salle sans prendre part au vote.
Cette loi, qualifiée par certains analystes comme un grand pas vers la partition programmée du Mali, affaiblirait deux formations politiques à savoir l’ADEMA-PASJ et l’URD qui, au sortir des dernières élections communales de 2009, s’étaient taillé la part du lion en obtenant le plus grand nombre de sièges de conseillers communaux au détriment du RPM.
Le parti Présidentiel va-t-il obtenir par la voie de sa Majorité parlementaire à l’Assemblée ce qu’il n’a pas pu avoir par la voie des urnes ? L’ADEMA va-t-il encore une fois de plus tomber dans le piège de son principal allié de la CMP ?
Il faut rappeler que lors des élections communales de 2009, c’est le parti Africain pour la Solidarité et la Justice qui était arrivé largement en tête avec 3185 conseillers élus, suivi de l’URD avec 1935.
La troisième place était revenue au RPM avec seulement 773 conseillers contre 1590 en 2004.
C’est d’ailleurs à cause de ce nombre de conseillers que l’ADEMA s’est taillé la 2e place dans le financement public des partis politiques avec plus de 400 millions en dépit de ses 14 députés qui le place troisième force parlementaire.
Ainsi en acceptant de voter cette controversée loi sur les autorités intérimaires, le RPM semble avoir fait les choses à dessein.
Tout indique que le parti présidentiel va obtenir par la voie de sa Majorité parlementaire à l’Assemblée ce qu’il n’a pas pu avoir par la voie des urnes.
L’ADEMA en acceptant de cautionner le vote de cette loi va contribuer à son propre affaiblissement politique sur le terrain au détriment de son Allié, le RPM.
Avec la clé de nomination de ces autorités intérimaires qui donnent plus de poids au gouvernement RPM, tout indique que les nouvelles autorités nommées seront acquises à leur cause jusqu’aux prochaines élections communales.
Que nul ne se surprenne alors de constater le retour futur en force du RPM dans nos régions et communes pour jeter les bases d’une probable réélection du parti aux affaires.
L’analyse se confirme parce qu’aux dires du ministre de la décentralisation la nouvelle loi s’appliquera sur toute l’étendue du territoire.
On voit là le déroulé de la stratégie politique du RPM qui veut être le seul maitre du terrain politique afin de peser de
tout son poids aux prochaines élections présidentielles.
Ce deuxième coup de massue donné par le RPM à ses alliés, laisse transparaitre un manque de cohésion au sein de la Majorité
Présidentielle. Pour rappel, lors des élections législatives de 2013, les résultats sortis des urnes avaient certes placé le RPM en tête mais ne lui avaient pas permis d’avoir la majorité absolue.
On sait que c’est par le débauchage des « députés amis » et le tripatouillage de la Cour constitutionnelle qu’il est parvenu à obtenir plus de 100 députés.
Aujourd’hui encore, il est à la manœuvre pour assoir à jamais sa suprématie en affaiblissant ses alliés.
L’Opposition semble avoir saisi le pot-aux-roses de cette stratégie.
Il reste maintenant aux autres formations de voir les choses du même œil et de dire non à cette loi qui, à prime à bord, semble être votée pour favoriser les « mouvements rebelles » mais qui en réalité relève d’une haute stratégie politique de conservation du pouvoir par le RPM.
Vivement donc cet éveil de conscience des autres partis de la majorité présidentielle pour un partage équilibré et proportionné du gâteau que semble être le Mali sous IBK.
Youssouf Sissoko
Source: Info@Sept 08/04/2016