Mais le lendemain, lors de la découverte du vol, les choses se sont accélérées, car le Directeur de l’école a rassemblé tous les élèves de l’établissement. C’est sur ces entrefaites qu’Ousmane, un retardataire, fit son apparition. On fit venir un féticheur qui, grâce à l’épreuve de «cola», réussit à épingler Ousmane, qui dénonça aussitôt Birama.
Le Directeur de l’établissement saisi aussitôt le Commissariat du 3ème arrondissement, qui dépêcha ses éléments sur les lieux. Ousmane et Birama furent interpellés et, effectivement, lors de la fouille du domicile de Birama, la police retrouva les objets volés. Mais le Directeur constata qu’une caméra manquait à l’appel. Au poste de police, Birama déclara que c’était plutôt Ousmane qui lui avait remis le butin pour l’écouler sur le marché.
L’enquête fut confiée au Commissaire Cissé, qui s’activa pendant trois jours à faire la lumière sur ce vol. Le 23 juin, en fin limier, il parvint à confondre Birama et son complice. Après avoir vainement tenté de mener le policier en bateau, Ousmane finit par se mettre à table. Birama et lui, confia-t-il au Commissaire, grâce à des traducteurs en langage des signes, avaient commis le vol le 20 juin, aux environs de 18 heures, tout juste après le départ du 2ème gardien. C’est lui qui avait proposé le coup à Birama. A deux, ils avaient défoncé la porte de la bibliothèque. Il s’était introduit dans la bibliothèque tandis que Birama faisait le guet dehors, et avait rassemblé le butin dans un sac, avant de lever le camp. Avant de se séparer, il avait remis la somme de 8000 FCFA à Birama, tout en lui laissant la charge d’écouler leur butin au marché.
Le lendemain, il était allé à l’école, où il avait subi l’épreuve de «cola». Concernant la troisième caméra, Ousmane affirma l’avoir remise à sa sœur. Une descente chez cette dernière permit à la police de récupérer l’objet. Les deux élèves sourds-muets ont déjà été présentés devant le Procureur du Tribunal de la Commune II.
Il n’y a pas longtemps, il y a eu un autre vol, celui d’un sac contenant de l’argent, des bijoux, un chéquier, un téléphone et divers autres objets, au détriment d’une dame qui travaille dans l’établissement. Les élèves, dans une sorte de diversion, on le comprend aisément aujourd’hui, se sont rués vers le «Conteneur», un bar contigu à l’école, à la poursuite de voleurs imaginaires. Causant ainsi embarras et désagréments parmi les clients, complètement abasourdis, et piétinant allègrement les tôles, murs et tables du bar. Quoi de plus étonnant que de voir des sourds-muets agressifs et violents envahir un débit de boisson, mettre les chambres de certains voisins à sac, sous prétexte de fouille, et se permettre d’indexer de soi-disant auteurs du vol. Conséquence : trois jeunes hommes ont été appréhendés, après que l’un d’eux ait été tabassé, et ont passé 72 heures au violon. Au total, leurs proches ont payé 70 000 FCFA pour qu’ils soient libérés, alors qu’ils étaient innocents de ce dont on les accusait. Mais personne n’a voulu écouter les clients qui témoignaient pour eux. Comme on dit en bambara, le Bon Dieu ne dort pas et, cette fois-ci, la vérité a fini par triompher. Question: qui dédommagera ceux qui ont été faussement accusés par ces jeunes, et auxquels on n’a même pas daigné présenter des excuses, comme cela se fait quand on veut vivre en bons voisins maliens?
Pierre Fo’o Medjo
Le 22 Septembre 04/07/2011