« Désormais je serai partout avec les populations dans le Mali profond… Car les rapports ne disent pas la vérité », a promis, hier, le président IBK, lors de la cérémonie de présentation de vœux des leaders religieux au Chef de l’Etat. Et c’est avec un coup de massue que les Maliens ont accueilli la nouvelle de la part de celui qui est réputé comme : homme de poigne ou encore homme de la situation. Mais il n’en était rien.
Toujours des promesses, des menaces et rien de concret. Après deux ans de surplace, de gabegie financière, de gestion familiale et clanique du pouvoir, le verbiage et la navigation à vue continuent de plus belle. Rien ne va au Mali, la fracture est de plus en plus grande entre le pouvoir et le peuple. Et les Maliens l’ont appris à leurs dépens hier, lundi. Celui qu’ils ont plébiscité lors des élections présidentielles en 2013 ignore tout de leur dur et difficile quotidien. Et c’est maintenant, deux ans après son arrivé au pouvoir, qu’il se rend compte des difficultés des citoyens. Les Maliens auront donc tout vu avec le pouvoir IBK.
Deux ans après son « plébiscite » contre la promesse d’un changement dans un pays profondément en crise, IBK a déçu les Maliens qui ont vite déchanté en apprenant les scandales sans précédents de son magistère. Le changement se fait toujours attendre et on assiste à la dilapidation des ressources de l’Etat: achat d’avion présidentiel, contrat d’armement douteux, connexion avec un parrain de la mafia, sanctions des bailleurs de fonds notamment le Fmi, infestation du pouvoir par la famille, rénovation de sa résidence privée, surfacturations, scandale de l’engrais frelaté, affaire de 1000 tracteurs…
Le constat est très amer et désespérant. Comment comprendre qu’après plus de deux ans de règne catastrophique, le président de la République ne sache toujours pas ce que ses électeurs attendent de lui. Sur les 8 régions du Mali, le président n’a sillonné que deux (d’ailleurs, il a fallut le rappeler à plusieurs reprises sa promesse de se rendre dans la région de Ségou).
Et pour lui, la faute incombe à ses rapporteurs qui ne lui diraient pas la vérité. Pourtant on n’a pas vu une seule trace de sanction à l’encontre des rapporteurs du président de la République. Ou faudrait-il penser qu’IBK a encore été rattrapé par les erreurs du passé. Car, dit-on aussi : le passé est l’enfer.
Et ce n’est pas étonnant de voir un tel scénario surtout quand le chef se fait entourer par des gens qu’il ne peut pas sanctionner. Ce n’est pas exclu que les conséquences de « la famille d’abord » à la place du « Mali d’abord » promis puissent commencer à faire leurs effets néfastes ?
Tel a été le cas de Moustaph Ben Barka et autres, qui, en lieu et place d’une sanction pour avoir été imprégnés dans l’affaire de l’avion présidentiel ont pris du galon. Comme pour donner raison à l’adage Bambara disant que « le serpent ne se mord pas la queue ».
Le président IBK serait-il dans une situation similaire? Pourquoi n’a-t-il pas sanctionné ceux qui ne lui disent pas la vérité ? Ou sommes-nous encore en face de son sport favori : attribuer toujours les fautes aux autres ? Car, la réalité est que le président était aussi trop pris à jouir de son oiseau de malheur, le Boeing 735, qu’il s’est offert au prix de la suspension de l’aide budgétaire internationale.
En tout cas, le Président semble aujourd’hui déterminer à rattraper le retard accusé dans le recensement de leurs aspirations et attentes. Mais, seulement la réussite de ce pari nécessite un oubli temporaire du Boeing 735 dans lequel il aime tant voler. Attendons donc de voir si IBK réussira-t-il à sacrifier son temps dans l’air pour s’occuper de ses compatriotes abandonnés dans la détresse.
Youssouf Z KEITA/Madiassa Kaba Diakité