Le président russe reçoit mardi 14 mai Mike Pompeo pour tenter de «stabiliser» les relations très tendues entre son pays et les États-Unis.
Nombreux sont les dossiers qui provoquent tension et discorde entre les puissances américaine et russe. La rencontre, mardi 14 mai, entre Vladimir Poutine et le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, pourrait être l’occasion d’un possible apaisement entre les deux pays. Selon le Kremlin, ce dernier doit rencontrer son homologue russe Sergueï Lavrov avant que les deux hauts diplomates ne soient reçus par le président russe.
Mike Pompeo sera alors le plus haut responsable américain à rencontrer Vladimir Poutine depuis le sommet de juillet 2018 à Helsinki avec Donald Trump, qui avait choqué la classe politique américaine par son ton conciliant à l’égard du maître du Kremlin. Proche du président américain, Mike Pompeo reste malgré tout partisan d’une ligne dure envers Moscou.
Le Venezuela, point d’orgue des tensions
Le menu s’annonce chargé pour cette rencontre. Outre le dossier iranien évoqué lundi par Mike Pompeo à Bruxelles et le sujet brûlant du désarmement – Moscou et Washington doivent négocier le prochain traité de contrôle des armements nucléaires Start, le texte actuel arrivant à échéance en 2021 -, d’autres sujets entretiennent le climat de nouvelle Guerre froide entre les deux pays.
Le Venezuela est actuellement le sujet le plus sensible, par son enjeu géopolitique. Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, a dit espérer que la visite du secrétaire d’État américain permette de «stabiliser quelque peu» les relations entre les deux pays mais a reconnu, cité par l’agence Interfax, que les discussions s’annonçaient «difficiles» sur le Venezuela, les positions des deux pays étant «diamétralement opposées». Ces dernières semaines, la Russie et les États-Unis se sont accusés mutuellement d’ingérence au Venezuela. Si Moscou est un allié essentiel du président Nicolas Maduro, les Américains soutiennent quant à eux le chef de l’opposition, Juan Guaido. La Russie a d’ailleurs critiqué le soutien «irresponsable» des États-Unis au coup d’État raté contre Nicolas Maduro, président élu lors de la dernière élection présidentielle. Mike Pompeo a affirmé que Maduro était prêt à quitter le pays mais que ses soutiens russes l’en avaient dissuadé.
La question de l’ingérence russe dans le processus électoral de la dernière élection présidentielle américaine n’en finit pas non plus de faire parler. Le rapport du procureur spécial américain Robert Mueller n’a pas trouvé de preuve d’une quelconque entente entre la Russie et l’entourage de Donald Trump en 2016 mais estime que la Russie «s’est immiscée dans l’élection présidentielle de 2016 d’une façon systématique». Mike Pompeo a promis «des mesures dures» contre ces «activités néfastes» de Moscou et expliqué s’attendre au même genre d’activités russes illégales en 2020. «Et nous devons nous attendre à ce qu’ils continuent en 2050», a-t-il indiqué. Le Kremlin a toujours démenti toute ingérence, mettant ces accusations sur le compte de luttes politiques internes à Washington.
Une possible rencontre au G20 en juin
Dans ce même dossier, Moscou dénonce le sort fait à Maria Butina, la seule Russe arrêtée et condamnée en trois ans d’enquête sur l’ingérence russe dans la politique américaine. Accusée d’être un agent russe aux États-Unis, elle y a été condamnée à 18 mois de détention. Vladimir Poutine a qualifié «d’arbitraire» sa condamnation, soulignant ne pas comprendre pourquoi elle avait été condamnée. En Russie, l’Américano-britannique Paul Whelan a été placé en détention provisoire. Cet ex-Marine, arrêté fin décembre à Moscou, est accusé d’espionnage.
Un autre point de crispation entre les deux puissances remonte à 2014, lorsque la Russie a annexé la péninsule ukrainienne de Crimée. Washington, opposé à cette annexion, a imposé des sanctions portant un coup à l’économie russe et à la devise nationale. Dans la foulée, une guerre a éclaté dans l’est du pays entre l’armée ukrainienne et des séparatistes pro-russes soutenus militairement, selon Kiev et les Occidentaux, par la Russie. Le conflit a fait près de 13.000 victimes à ce jour. Les sanctions n’ont cessé d’être durcies depuis de la part de Washington et des Occidentaux.
Donald Trump a annoncé une rencontre avec Vladimir Poutine lors du G20 au Japon, qui se tiendra fin juin. Une nouvelle qui a été démentie lundi soir par le Kremlin. «Il n’y a pas eu de telle demande. Il n’y a pas non plus d’accord pour l’instant», a indiqué le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.
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