Sept ans après son troisième album, l’enfant du grand nord de la Côte d’Ivoire, Koné Ibrahima Kalilou Fadal Dey, vient de mettre sur le marché discographique un quatrième album de 17 titres intitulé «Mea- culpa». Originaire du grand Nord de la Côte d’Ivoire et issu d’une famille de polygame, l’artiste a vécu une enfance difficile qui va lui forger un caractère de battant et de gagneur. C’est à l’école primaire que Fadal Dey fit ses premiers pas dans le monde de l’art en s’initiant au théâtre en tant qu’acteur et en interprétant à merveille des vedettes nationales et internationales.
C’est la naissance d’un talent qui en réalité puise ses racines dans son ascendance. En effet, Fadal Dey est descendant d’un célèbre chansonnier traditionnel d’Odienné (nord-ouest de la Côte d’Ivoire) nommé «Gbêrêkôrô» quand sa mère fut une danseuse traditionnel à Zuénoula, ville du Centre-Ouest de la Côte d’Ivoire. Chants et danses traditionnels autour desquels il bâtira le concept de «Mandé Roots Culture» qui veut dire la racine de la culture mandé. Le «Mandé Roots Culture» intègre trois éléments importants : un Reggae aux sonorités Mandingues très originales ; des pas de danses empruntées au terroir ivoirien et une coiffure très originale qui rompt avec les Dread looks.
Après les albums «Religion» sorti en 1997, «Jahsso» en 1999, «Méditation» en 2003 et les singles «Prends ma main frère», «Ne l’abandonne pas» et «Ta voix peut faire la différence», Fadal Dey revient sur le marché discographique avec «Mea Culpa» qui est son quatrième album. Précisons que l’enregistrement de cet album s’est fait entre Paris et Abidjan. Dans cet album, Fadal Dey reconnaît avoir clamé, comme de nombreux jeunes de son âge en 1990 «Houphouët voleur» dans les rues d’Abidjan pour un horizon qu’il voyait rose. Vingt ans après, vu les crises et la précarité dans laquelle vit la population et ne voyant aucun changement et espoir à l’horizon pour les Ivoiriens, Fadal Dey pense avoir innocemment participé à ce vaste mouvement de dénigrement du grand bâtisseur qui a lutté corps et âme pour maintenir la paix, la quiétude, la tranquillité en Côte d’Ivoire. L’artiste a décidé ainsi de faire son mea culpa en demandant pardon à Nana Houphouët à travers l’album «Mea culpa». En outre, Fadal Dey est resté toujours dans la droite ligne de son combat contre l’impunité, l’injustice, l’intolérance. Les crises sociopolitiques, les guerres, les coups d’Etat qui sont devenus monnaie courante en Afrique ne sont pas restés en marge du répertoire de l’artiste. Fadal Dey qui a reçu le Tamani 2009 au Mali du meilleur artiste de Côte d’Ivoire aborde également des thèmes liés aux fléaux tels que le racisme et la violence dans le monde. Le contenu de l’œuvre est aussi d’ordre sentimental, religieux et social.
Son combat pour une société fait de lui un artiste de renommée internationale. «En tant qu’artiste reggae, je défendrai toujours un peuple qui est démuni et qui souffre des affres de la misère et de la pauvreté. Je ne suis contre personne et je ne suis avec personne. Je dénonce ce qui dérange et va à l’encontre de l’épanouissement des populations et cela quel que soit l’endroit», nous a-t-il révélé. L’artiste met aussi en exergue des sujets qui invitent la nouvelle génération à une prise de conscience et de responsabilité face à certaines situations qui se présentent à elles. Fadal Dey le démontre à travers la chanson «Tchèdén». L’artiste n’oublie pas d’inviter les uns et les autres à la réconciliation et au pardon pour reconstruire la Côte d’Ivoire Concernant la crise qui secoue actuellement la Côte d’Ivoire, l’artiste n’a pas caché sa plus grosse déception. «Je demande à Laurent Gbagbo, le désormais ancien président, de réécouter sa chanson préférée (Gouvernants chauve souris) qui lui servait de tenir ses meetings politiques à travers le pays. Le peuple a librement choisi son président qui est Alassane Ouattara. Je demande donc à M. Gbagbo de respecter le choix du peuple en quittant le pouvoir pour la paix», a-t-il martelé. Son appel sera-t-il entendu ? Le temps nous le dira.
Nouhoum Dicko
Le Républicain 30/12/2010