Le Mali est une ancienne colonie française. Nous sommes francophones. Qu’on le veuille ou non, Paris a une influence sur notre parcours en tant que nation. Ce n’est pas pour rien si IBK se targue de comprendre la langue de Baudelaire. Nous ne nous trompons pas. À Paris, tout se tait et tout se dit. Nous ne pouvons pas, nous ne devons pas faire partie de ce conglomérat de passifs. Le Mali est notre maison commune. Tout est lié. Nous sommes observés comme nous observons les autres. Pour être aidés, nous devons nous aider nous-mêmes. La confiance comme le respect se mérite. Arrêtons avec des politiques irréfléchies.
Les gouvernants qui ont une intelligence négative ne pensent qu’à une chose : comment devenir le plus vite possible, le plus riche possible. IBK a trouvé très vite son prétexte : la reconstruction des régions du Nord. Quel bailleur de fonds fera confiance à celui qui a été incapable de publiquement déclarer ses biens ? En dépit de la lettre, de l’esprit et de la pratique constitutionnels.
En attendant la conférence pour les recherches de financement pour le développement du Mali en général, et la reconstruction des régions du Nord en particulier, examinons cette autre situation qui démontre encore une fois toute l’insouciance et l’incompétence du régime IBK. Les difficultés de la communauté malienne de France sont indissociables de la gouvernance d’IBK et de sa visite en France. L’ambivalente approche est avant tout homogène. Sachons lire entre les lignes.
Un visa pour le Mali
Pour se rendre au Mali partant de la France, les non Maliens doivent s’acquitter du frais de visa dont le montant va chaque année croissant. Notre carte d’identité consulaire a la durée de validité la plus courte de la sous-région ouest-africaine. Notre passeport est aussi le plus cher. Et, à la différence de beaucoup d’autres, il n’est pas biométrique. Il se trouve, qu’il y a beaucoup de couples de Maliens vivant en France dont les enfants ont la double nationalité. Les parents ont mené des démarches pour qu’il en soit ainsi. Ils sont les plus nombreux heureusement. La nation doit les en remercier.
D’ordinaire, ceux qui ont la double nationalité présentent le passeport français valable dix ans et la carte d’identité consulaire malienne pour embarquer pour Bamako-Sénou. La carte d’identité consulaire est la preuve de la nationalité malienne. Ils sont donc dispensés du visa d’entrée au Mali qui coûte 70 euros valable 3 mois. La carte d’identité consulaire, elle, coûte un peu plus de 12 euros et valable 3 ans.
Depuis un certain temps, pour des raisons mercantiles, les autorités maliennes ont donné des consignes fermes dans les aéroports de Paris afin que les binationaux n’embarquent plus en destination du Mali avec leur passeport français et la carte d’identité consulaire. Il faut désormais détenir, soit les deux passeports français et malien, soit prendre un visa coûtant au moins 70 euros.
Des raisons farfelues
Le ministre Abdramane Sylla justifie cette mesure par des raisons de sécurité. Cet argument est inopérant. Si le Mali veut réellement de la sécurité, il peut exiger uniquement le passeport biométrique pour les détenteurs de passeport français, comme l’exigent le Canada et les USA.
Même pour aller en Israël, les binationaux français fournissent juste leur passeport français, puis la carte consulaire d’identité israélienne. Ça ne s’invente pas. De la sécurité pour les Israéliens, n’en parlons pas !
Les visas octroyés ou du moins vendus par nos autorités consulaires n’ont aucune traçabilité. Ce service des visas est tout sauf informatisé. Le colonel de gendarmerie Minta, qui gère ce service, ne nous dira pas le contraire. Le Sénégal de Macky Sall avait introduit le visa puis l’a supprimé. Au fait, les enfants d’immigrés doivent être encouragés pour aller voir le pays d’origine de leurs parents. Les décourager ne sert absolument à rien. C’est le Mali qui perd. Ce que l’on perd en supprimant ces visas, en admettant l’entrée avec la carte identité consulaire, on en gagne dix fois avec l’argent dépensé lors du séjour desdits enfants. Ce que Macky Sall a compris, IBK doit le comprendre.
Pourquoi tout cela ?
En réalité, le Mali est très mal géré. Les autorités diplomatiques et consulaires essaient de faire payer aux Maliens de France la charge irresponsable du fonctionnement des services. Comment comprendre qu’il y a trois agents comptables venus du Mali pour nos services en France. Le premier est à l’ambassade. Le second au consulat. Le troisième à l’Unesco. Alors que des pays plus riches que le nôtre, comme l’Angola, la Guinée Équatoriale ou le Ghana, ont chacun un seul et unique agent comptable en France. Pourquoi avoir fait de notre représentation à l’Unesco une délégation permanente ? Il y a des pays qui nous assistent (en tenues militaires, bourses d’études) et qui n’en ont pas. Exemple, l’Algérie. Le sous-ambassadeur, l’arriviste Oumar Keita, est devenu un seigneur. Il emploie qui il veut et quand il veut. En somme, son héritage. Chaque cadre affairiste en fin de service se débrouille à y mettre un proche.
L’ancien conseiller consulaire Hamadoun Dicko a mis au consulat son fils Salah Dicko. L’agent comptable actuel du consulat Mamadou Diakité, lui, ne perd pas son temps. À peine arrivé en France, il a placé son fils, Fakaye Diakité, à la mission permanente du RAVEC. IBK doit comprendre qu’en France, tout se sait. Pour éviter des incidents diplomatiques, les diplomates étrangers se taisent. Mais Maliens pur jus, nous ne nous tairons jamais. Par Allah. Tout Paris sait que sous la présidence IBK, on peut être condamné à travaux forcés, à perpétuité au Mali et rester agent consulaire du Mali en France.
Le binôme ridicule Tidiani Djimé Diallo et Mata Bagayoko, la trop charmante, préparent activement la venue d’IBK à Paris. Désormais inséparables, ils étaient à Bamako tout récemment pour mission. Quelle mission, s’amusent à en pleurer des cadres de l’ambassade ? Mais qui se taisent pour des raisons évidentes. Depuis quand un simple chargé de communication pistonné, frère de celui que l’on craint, dans une ambassade a droit à une assistante ? On aura tout vu au Mali.
Mathias Diarra, ex-chef du protocole de l’ambassade est toujours à Paris. Il doit apprendre à son remplaçant le capitaine Issaka Sadou, ce brave soldat loin du Nord, donc du front, comment on accueille un chef d’État. Pitié, mon capitaine. Comment est-ce possible dans un Mali en crises sécuritaires qu’un capitaine soit désigné, chef du service protocole en France ? La honte. IBK, il est temps de changer votre façon de gouverner.
IBK, le temps des ACP-CEE est révolu. Mme Keita Aminata Attaher Maïga, votre épouse, n’est plus au secrétariat ACP-CEE. Les bailleurs de fonds sont eux-mêmes en crises. Il vous sera difficile de générer des fonds, si l’on ne vous fait pas confiance. Comme tout est lié.
La France n’a pas confiance en IBK. Mais, réalisme oblige, elle est obligée de coopérer avec lui. La paix est à ce prix. Attention IBK, tout vol des fonds qui seront levés, sera fatal. Guère de doutes. «Qui sème le vent, récolte la tempête».
Boubacar SOW
boubacarsow@hotmail.fr
Source: Le Reporter20/10/2015