Face aux accusations de mauvais traitements des officiers, sous-officiers et hommes de rang arrêtés à la suite des affrontements dans la nuit du 30 avril au 1er mai dernier entre les bérets rouges et les militaires pro-putsch du 22 mars, le gouvernement de transition tente de se dédouaner.
Dans un communiqué en date du 14 juin dernier, le ministère de la Communication, de la Poste et des Nouvelles technologies, porte-parole du gouvernement, soutient que « les familles et les avocats des intéressés peuvent les rencontrer sans entrave. Toute personne interpellée bénéficiera de tous les droits reconnus au Mali ».
Aussi, prévient le porte-parole du gouvernement, « de même, personne quel que soit son titre ou sa fonction ne saurait être au-dessus de la loi. Les personnes détenues bénéficient de la présomption d’innocence telle que prévue par la loi et les conventions internationales dûment ratifiées par notre pays ».
Cette déclaration ne résiste pas à la réalité. Selon les avocats des personnes détenues, parfois dans le plus grand secret, leurs clients sont « dans des conditions d’enfermement intolérables » et ont été soumis très régulièrement à des traitements inhumains. C’est pourquoi, la semaine dernière, ils ont interpellé dans une correspondance le ministre de la Justice « en ne mettant pas fin à la torture, l’Etat se rend complice du délit ou du crime ». Joint par RFI, le Comité international de la Croix-Rouge chargé des conditions de détention des détenus s’est dit préoccupé par cette affaire.
Le ministre de la Justice Malick Coulibaly a pris un certain nombre de mesures pour mettre fin aux exactions. De là à dire que les personnes détenues jouissent de tous leurs droits, c’est un exercice de correction de son image à laquelle s’adonne pitoyablement le gouvernement.
En attendant que les mesures annoncées soient suivies d’effet pour le bonheur des pauvres détenus, il faut rappeler que le procureur du Tribunal de première instance de la Commune III du district de Bamako, Sombé Théra, avait annoncé l’ouverture d’une information judiciaire à l’encontre des officiers (général, officiers supérieurs et subalternes, hommes de rang).
Cette information judiciaire est « ouverte conformément aux dispositions du code de procédure pénale et du code pénal, pour atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat par l’emploi illégal de la force armée, association de malfaiteurs, assassinats, coups et blessures volontaires, vols et détentions illégales d’armes de guerre et complicité, avait alors laissé entendre M. Théra qui a même donné la liste des personnes incriminées.
Il s’agit du général de brigade Hamidou Sissoko dit Man (ancien chef d’état-major général particulier d’ATT), du colonel Abdoulaye Cissé, du commandant Abba Abdel Kader Coulibaly, du commandant d’aviation Mamadou Lamine Konaré (fils de l’ancien président malien Alpha Oumar Konaré de 1992 à 2002), du lieutenant Aly Traoré, du lieutenant Mohamed Ismaël Kanouté, du lieutenant Abdoul Wahab Coulibaly, du commissaire Adama Siriman Coulibaly dit Chine, du commissaire Ismaïla Traoré et du colonel Abidina Guindo (ancien commandant du 33e Régiment des commandos parachutistes ou bérets rouges et ancien aide de camp d’ATT) et autres.
Abdoulaye Diakité
L’ Indicateur Du Renouveau 21/06/2012