En effet, nul besoin aujourd’hui de se voiler la face : la démocratie à la malienne a montré toutes ses limites.
Si les 2 chefs d’Etat et leurs régimes, qui ont eu à gérer « cette vie démocratique » depuis 1992, assument une bonne part de responsabilité dans les multiples dérapages que le système a connu, la Constitution du 2 février 1992 n’est pas totalement exempte de tout reproche en la matière. Elle renferme en divers aspects de nombreuses insuffisances qui n’ont pas permis une véritable expression démocratique : le pouvoir par le peuple et pour le peuple.
A ce sujet, il y a eu 2 tentatives, plus ou moins mal négociées, pour réviser la Constitution actuelle.
Le premier était déjà à l’initiative du 1er président de l’ère démocratique, Alpha Oumar Konaré, au cours de son second et dernier mandat. Idem pour la seconde tentative qui est l’œuvre de son successeur, Amadou Toumani Touré, dans la dernière moitié de son second quinquennat également.
Tous ces 2 projets ont connu le même sort, essentiellement dû au fait de n’avoir pas bénéficié du consentement de l’ensemble des acteurs politiques et de la société civile. D’autres raisons pourraient avoir été à l’origine du non aboutissement des 2 processus de révision constitutionnelle. Mais globalement, ils ont tous les deux échoués pour n’avoir pas été suffisamment préparés et partagés comme il se doit.
Aujourd’hui, le constat est là, amer. Du fait de la corruption endémique, qui a progressivement gangréné tout le système, du clientélisme, du népotisme et de la culture de la médiocrité au détriment de la reconnaissance du mérite et de l’effort, le politique malien a réussi à faire l’unanimité contre lui quant à ses responsabilités (avérées ou supposées) dans la situation de mal gouvernance dont les conséquences fragilisent sérieusement aujourd’hui les fondements de la nation.
Tout semble indiquer désormais qu’une révision constitutionnelle s’impose inévitablement. Comme cadre approprié pour débattre de la question, tous les acteurs semblent également adopter une position largement partagée pour aller à une Conférence nationale.
Les seules divergences qui existent pour l’instant à ce sujet, ont beaucoup plus trait à la forme. Sinon, dans le fond, tous sont d’accord pour se retrouver autour d’une table afin de doter le pays d’une Loi fondamentale qui tienne compte des aspirations profondes du peuple et qui est inspirée de tous les enseignements pouvant être tirés de l’expérience actuelle.
Ainsi, il n’y a plus aucun doute que l’on s’achemine, dans les mois et années à venir, vers l’avènement d’une IVe République au Mali. Il ne reste qu’à définir quand et comment y aller.
Ibrahim Sidibé
L’Indicateur du Renouveau
(17 Août 2012)