Le divorce est un phénomène millénaire et quasi-universel. De nos jours, son ampleur est notoire et la tendance vire au féminin. Interrogé sur la question, les uns et les autres s’accusent mutuellement.
Mauvais ménage, absence totale de communication dans les couples et incompréhension sont, entre autres, les maux dans beaucoup de nos familles. La communication est essentielle dans toute chose surtout dans un couple, car elle permet à l’un et à l’autre de se comprendre quel que soit le problème posé.
Alors qu’à l’origine de cette analyse, il y a une curiosité et une motivation, nées de l’observation d’un fait ou d’un constat : d’une part, le constat au quotidien de l’enthousiasme forcené pour le mariage mobilisant traditionnellement d’importantes ressources humaines, matérielles et financières et d’autre part, à partir des échos des tribunaux de justice, la tendance au divorce prend progressivement de l’importance surtout chez les femmes, dont les deux-tiers des demandes sont faites à l’inspiration des intellectuelles ou fonctionnaires.
Fily Kéita, enseignante à Magnambougou, accuse les hommes d’être responsables des divorces. Selon elle, le manque de communication peut entraîner l’incompréhension dans les couples. « Chacun de nous a ses défauts et c’est à travers l’échange qu’on doit se comprendre. Certains hommes sont trop autoritaires. Ils ne discutent jamais avec leurs femmes même en cas de problème. Ils oublient que c’est l’union qui fait la force ».
Adja Diarra, secrétaire dans un rectorat à Bamako, dira que « certains hommes ne considèrent pas leurs femmes. Ils mettent la femme à l’écart de tout ce qui se passe en famille. Pour des hommes, discuter avec sa femme, c’est faillir à ses responsabilités. La femme doit seulement obéir, elle ne doit pas intervenir dans la prise de décisions. La communication entre un mari et sa femme est nécessaire et ça existait chez nous depuis très longtemps ».
A cela s’ajoute le paradoxe que représente les sacrifices et les pratiques occultes auxquels se livrent au quotidien certaines femmes dont la plupart ont déjà dépassé l’âge nubile idéal pour se tailler un « mari ». Ainsi, ces réalités, qui paraissent curieuses, ont inspiré les uns et les autres.
La majorité des deux sexes admettent que l’homme, en tant que père et premier responsable du foyer, doit effectivement assurer les besoins primaires de la famille, et la femme, en tant qu’épouse et/ou mère – et quel que soit son niveau d’étude ou statut social, doit s’occuper de la gestion de la vie domestique mais aussi assister l’homme pendant les moments de difficultés ou se substituer à lui en cas d’absence.
Cette conception traditionnelle et différentielle des rôles conjugaux est liée à la très forte prégnance de la religion et de la culture, les coutumes et les responsabilités différemment assumées par les conjoints. De l’analyse des données et de leur interprétation, il apparaît que la conception des rôles conjugaux fondée sur la nature et les responsabilités différentielles des conjoints, est préjudiciable au bon fonctionnement du ménage surtout dans le cadre de la polygamie dont la pratique est importante chez les couples ayant divorcé sur l’initiative de la femme.
Aussi, elle provoque naturellement un déficit sentimental consécutif à un attachement préférentiel de l’homme à la nouvelle compagne au détriment de la ou des précédentes.
« Le divorce est une crise relationnelle dont les causes sont multiples, internes et externes à la vie du couple. Je pense que le sujet est délicat, car de nos jours la plupart des femmes qui ont été à l’école veulent se laisser dominer par la culture européenne. Donc il est grand temps de faire recours à notre tradition pour enfin diminuer les divorces dans nos foyers », explique un professeur de sociologie à l’Université de Bamako.
Il signale que le manque d’assistance dans les travaux domestiques, les bestialités, l’adultère, l’abandon de la famille, le manque d’entretien, la trahison, le non-respect des parents de la femme avancés par une proportion non négligeable poussent certaines femmes sur initiative personnelle à demander le divorce.
Adama Diabaté, Stagiaire