Si la marginaliaation de la classe politique traditionnelle n’a pas permis d’atteindre les résultats escomptés en terme de respect du délai de la Transition, il urge que le chef de l’Etat rassemble avantage les forces vives pour sauver le pays.
En vue de trouver un consensus autour de l’agenda électoral à alléger et pacifier davantage le pays, des voix s’élèvent à nouveau pour « un gouvernement plus inclusif et plus étoffé ». « Il appartient au président de la Transition de convoquer les forces vives de la Nation pour rendre la Transition plus inclusive en réorientant le programme de cette transition avec un gouvernement beaucoup plus inclusif et étoffé ». Telles sont les propositions d’un haut cadre politique pour relancer cette période transitoire en perte de vitesse pour non-respect du chronogramme électoral préétabli.
En effet, pour la quasi-impasse que la Transition semble traverser actuellement, il est aisé de constater que les Maliens sont plus que divisés sur la gouvernance en cours. Comment faire pour respecter le délai de transition et pouvoir organiser les élections prévues au chronogramme? Faut-il maintenir le référendum, alors que les exigences de légitimité et d’intégrité territoriale restent problématiques ? Comment envisager un référendum constitutionnel, alors qu’existe sur le vaste territoire de nombreuses zones où l’Etat est absent ? Cette dernière préoccupation n’est-elle pas bien illustrée par la récente visite avortée du Premier ministre à Ansongo et Bourem depuis Gao si près?
Toutes ces interrogations poussent bien d’observateurs à plaider vivement pour une sorte de nouveau contrat sociopolitique avec les acteurs politiques maliens et les militaires au pouvoir. Cela doit passer par une grande consultation des forces vives du pays, sur l’initiative du chef de la Transition, le Colonel Assimi Goïta. Car, par essence, une transition est une période de concertation et de compromis. C’est donc au Col Goïta de se convaincre que la Transition s’enlise avec non seulement un engorgement de son chronogramme, mais aussi à la subsistance du défi sécuritaire, malgré la montée en puissance de l’armée, ressassée et vantée à souhait. La preuve, malgré cette montée en puissance traduite par l’acquisition de matériels et équipements militaires, le Premier ministre n’a pue rendre récemment à Ansongo et Bourem. Sans compter l’absence de l’Etat dans de nombreuses localités du pays, des écoles fermées, des populations déplacées, etc. S’y ajoute que les mouvements signataires de l’Accord semblent sur le pied de guerre, le processus de paix étant au point mort.
Il urge donc d’examiner avec les uns et les autres la nécessité d’injecter du sang neuf à la gouvernance. Cela peut passer par l’éviction du Premier ministre Dr Choguel Kokalla Maïga, qui ne rassemble pas les Maliens, désavoué par de nombreux Maliens, dont les siens d’Ansongo et de Bourem. Car, le simple fait que le PM ait été incapable de démontrer « la capacité des dirigeants de la Transition à se rendre partout sur le territoire »(du fait de la montée en puissance de l’Armée), comme il le déclarait souvent, est une forme de parjure ou un mensonge d’Etat !
Ce limogeage de Dr Choguel Kokalla Maïga serait alors l’occasion de mettre en selle un Premier ministre plus conciliant comme le ministre d’Etat, le Col Abdoulaye Maïga, qui pourrait alors composer une équipe gouvernementale plus inclusive et plus élargie pour accélérer le processus électoral. Celui-ci devrait se délester, le cas échéant, des consultations référendaires, des élections communales, locales et régionales et concentrer les efforts sur les élections générales pour parachever cette Transition.
A travers ce compromis, le chef de l’Etat pourrait tendre une belle perche aux mouvements signataires de l’Accord pour la paix, afin de poser les jalons de « la relecture intelligente » de cette entente. Non sans créer un climat de décrispation et de convergence de vue entre le pouvoir et la classe politique pour une participation maximale aux futures élections. Ce serait même l’occasion rêver de procéder, à travers une sorte de modus vivendi, aux modifications appropriées dans la loi électorale et pourquoi pas, prononcer un discours pour garantir la fin des poursuites et menaces sur certains responsables politiques contraints à l’exil. Une nouvelle « union sacrée » sera ainsi scellée autour du Mali, pour ainsi créer les conditions de rassemblement des cœurs et des esprits pour résister à toute forme d’adversité extérieure.
Kassoum TOGO