Depuis le 12 août 2015, l’ancien Procureur Général près la Cour d’Appel de Bamako a transmis au Président de la Chambre d’accusation près la Cour d’Appel de Bamako le bordereau d’envoi relatif au réquisitoire (aux fins de non lieu partiel, de requalification et de mise en accusation) dans la procédure suivie contre : X devenus Issa Tangara et 27 autres, inculpés d’enlèvement de personnes, d’assassinat et de complicité, faits prévus et punis par les articles 24, 25, 199, 200 et 240 du Code pénal.
Depuis 7 mois, le Cabinet du Parquet a fini son travail, les regards sont tournés vers la Chambre d’accusation, qui entend liquider rapidement le dossier en le renvoyant devant une assise spéciale, soit au Palais de la culture, soit au CICB pour permettre au public de suivre le procès dans des conditions de sécurité et dans la plus grande transparence avec, bien sûr, la garantie des droits de toutes les parties. Ce procès-là est annoncé dans les coulisses pour mai prochain. Mais les doléances maximalistes du Syndicat autonome de la magistrature (SAM) qui projette de perturber le fonctionnement normal de la justice pour faire aboutir ses revendications non fondées pourraient rejaillir sur la date de ce procès historique qu’attendent impatiemment les Maliens.
L’homme du 22 mars, Amadou Aya Sanogo, qui a conduit le putsch que Djiguiba Keïta dit PPR appelle toujours « le coup d’Etat le plus stupide au monde », est inculpé pour complicité d’enlèvement de personnes et non pour assassinat ou complicité d’assassinat ou les deux encore, comme on l’entend souvent ça et là. Six autres compagnons de Sanogo sont poursuivis sous le même chef d’inculpation.
Il s’agit d’Amassongo Dolo, d’Oumar Sanago dit « Kif-Kif », de Blonkoro Samaké, Siméon Keïta, Soïba Diarra et Christophe Dembélé.
Ces sept militaires rejettent en bloc l’accusation de complicité d’enlèvement de personnes. Ils crient leur innocence et hurlent au complot pour ce qu’ils ont été (CNRDRE) et non pour ce qu’ils ont fait. Une thèse que refuse l’accusation qui soutient mordicus que Sanogo avait autorité sur ses collaborateurs, tous les renseignements concernant les bérets rouges détenus lui parvenaient régulièrement. Dans cette optique, Sanogo peut difficilement soutenir qu’il ignorait que les 21 bérets rouges avaient été enlevés des lieux de leur détention pour être exécutés ailleurs.
Selon nos informations reçues du Prétoire, Sanogo jure, la main sur le cœur, qu’il n’était pas au courant des exécutions alors que le Colonel Blonkoro Samaké, Secrétaire général du CNRDRE, dans sa déposition soutient le contraire. Celui-ci sera soutenu par l’inculpé Mamadou Koné, l’un des principaux exécuteurs, qui soutenait, lors de son interrogatoire, que l’adjudant chef Soïba Diarra lui avait remis une liste de 20 bérets rouges à exécuter, auxquels est venu s’ajouter Aboubacar Kola Cissé, sorti de prison pour le lieu de son exécution.
Soïba Diarra également disait que la liste lui avait été remise par Blonkoro Samaké, lequel recevait directement ses instructions d’Amadou Aya Sanogo et les répercutait sur qui de droit. Sans réfléchir et sans murmurer les ordres sont mis en exécution. C’est un système que le procès annoncé permettra de comprendre, de savoir qui a exécuté ? Qui a donné l’ordre d’exécuter ? Comment ont-ils été exécutés ? Qui a creusé la fosse commune ? Et bien d’autres interrogations. A suivre dans notre prochaine parution.
Chahana Takiou
Source: Le 22 Septembre 14/04/2016