A quelques jours de la fête de Tabaski, le constat est que l’on ne voie pas beaucoup de vendeurs ambulants de moutons dans les ruelles. Et les rares nomades qui sont rencontrés aujourd’hui, n’ont pas assez de moutons avec eux. Qu’est ce qui explique cette insuffisance de béliers sur le marché? Sont-ils vendus rapidement ou non? Pour avoir une réponse à ces interrogations, nous avons approché quelques ambulants. Les raisons selon eux sont connues. Elles sont dues à la crise qui prévaut actuellement dans notre pays. Mahamane Cissé, ressortissant de la région de Gao est un habitué de transport de moutons depuis dix ans à Bamako.
A la veille de la fête de Tabaski, il vend des moutons. Rencontré aux bords des rails de N’Tominkorobougou conduisant son petit troupeau, il explique le motif qui l’a empêché d’être là avec assez de moutons cette année : « Chaque année, on venait en groupe de Gao à Bamako, on pouvait louer trois à quatre remorques pour transporter nos moutons. Arrivé ici, certains d’entre nous restent à la rive droite, d’autres partent à la rive gauche. J’amenais plus d’une centaine de têtes. Mais cette année, je n’ai pu amener que trente moutons. Car, à cause de la guerre, ceux qui nous fournissaient en moutons, ont fuit vers d’autres pays comme le Niger et la Mauritanie». Pour le moment, a-t-il dit, nous ne sommes pas trop sollicités par les acheteurs, mais j’espère que ça ira dans les jours à venir.
Loin de Mahamane Cissé, près du pont Richard d’Hamdallaye, l’on rencontre Amadou Touré avec cinq moutons. Agé d’une trentaine d’années, il souligne qu’il n’a pas beaucoup de moutons parce que ceux qui le fournissent à la veille de chaque fête ne sont pas venus cette année. Je pense que, a-t-il dit, la crise est sentie partout au Mali. Malgré que je n’aie pas assez de béliers avec moi, continue -t-il, je constate peu d’engouement des gens autour des moutons. «Je peux passer la moitié de la journée sans que trois à quatre clients me demande les prix des beliers. Les années précédentes, à dix jours de la fête de mouton, le marché était inondé de moutons. Je suis vendeur ambulant depuis cinq ans. Mais je n’ai jamais été confronté à une crise de moutons de ce genre à quelques jours de la fête de Tabaski», a martelé Touré. Le manque d’engouement des gens autour des moutons fait peur aux vendeurs. «La vente est au ralentie. Nous risquons de ne pas trouver ce qu’on cherche dans nos moutons, car si les gens n’ont pas d’argent, on sera obligé de les revendre à bas prix pour trouver preneur afin de ne pas nous retourner avec», a conclu avec inquiétude Ousmane Diallo. L’autre conséquence est que le mouton risque de ne pas suffire cette année.
Hadama B. Fofana
Le Republicain 19/10/2012