« Nous voulons avoir connaissance de ce qui se vit au Vatican, dans l’ensemble de l’organisation centrale de l’Eglise qui a été un peu chahutée ces temps derniers », a déclaré à quelques journalistes le cardinal français Philippe Barbarin, en sortant de la première session lundi matin.
« Si nous voulons prendre les bonnes décisions, je suis certain que nous devons avoir quelques informations à ce sujet », a renchéri le cardinal sud-africain Wilfrid Napier, à propos du scandale Vatileaks qui a révélé des intrigues au sein de la Curie romaine.
Le cardinal archevêque de Paris, Mgr André Vingt-Trois est allé dans le même sens : « le nouveau pape aura nécessairement à affronter les problèmes dans la Curie ».
Benoît XVI, très respecté pour son message religieux et sa cohérence, se voit reprocher de ne pas avoir su réformer le gouvernement central de l’Eglise.
Le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi, a indiqué qu’il n’y aurait pas de discussion générale à propos de Vatileaks, ajoutant toutefois que les cardinaux pouvaient demander à leurs homologues « toutes les informations qu’ils jugent nécessaires ».
Les turbulences au Vatican, et, récemment, les conjectures sur un prétendu « lobby gay », sont mal perçues par les cardinaux venus d’ailleurs. Selon eux, ils déforment l’image d’une Eglise dynamique et courageuse, confrontée à des problèmes de survie.
Pour le cardinal espagnol Carlos Amigo Vallejo, « Vatileaks, c’est beaucoup de bruit pour rien ». Les chrétiens d’Afrique « ne se préoccupent pas beaucoup des petits problèmes de notre vie interne », a-t-il dit, amer.
Pour Mgr Barbarin, les cardinaux doivent aussi avoir « un regard sur l’Eglise universelle ». « Nous avons envie et besoin d’avoir un regard sur l’Eglise en Europe, en Afrique, en Asie, en Amérique ».
Les 207 (bien 207) cardinaux, électeurs (moins de 80 ans) ou non, ont été convoqués pour ces « congrégations » de préparation au conclave. Lundi matin, 142 d’entre eux étaient présents, dont 103 (sur 115) électeurs.
La date très attendue du Conclave ne pourra être connue (à l’issue d’un vote à la majorité absolue) que lorsque tous les électeurs seront présents.
Parmi les absents qui ne participeront pas, l’ancien primat d’Ecosse, Keith O’Brien, a admis dimanche avoir eu des « comportements déplacés » à l’égard de jeunes prêtres, après que sa démission eut été acceptée par Benoît XVI.
Cet aveu met crûment en lumière le malaise sur les moeurs au sein de l’Eglise, dont les préceptes de chasteté et de pureté ne sont pas toujours observés par ses membres.
Une clarification sur ces sujets, ainsi que le dossier brûlant des cardinaux –dont certains présents aux congrégations– accusés d’avoir protégé des prêtres pédophiles, devrait intervenir.
Pendant ses huit ans de pontificat, Benoît XVI a congédié des dizaines d’évêques infidèles à leurs voeux.
Le grave scandale de pédophilie dont l’ampleur a été révélée sous Benoît XVI « doit continuer à être traité : c’est une conviction, non seulement pour s’assurer qu’il ne réapparaît pas, mais aussi parce qu’il y a encore des victimes qui sont blessées, et le prochain pape doit en être conscient », a dit le cardinal américain Francis George.
Pour 67 électeurs, c’est leur premier conclave. Le feu vert pourrait être donné rapidement à l’aménagement et à l’installation de la fameuse cheminée par laquelle une fumée blanche indiquera urbi et orbi l’élection du 266ème pape.
Pour trouver le pape pasteur, spirituel, garant de la tradition et à poigne, le choix paraît très ouvert et la délibération peut être longue : il n’y a pas de favori unique.
Lors de leur première « congrégation », les cardinaux ont prêté serment sur l’Evangile de tenir secret tout ce qui concerne l’élection du pape, et décidé d’adresser au pape émérite Benoît XVI un message pour exprimer « leur gratitude ».
Les noms de « papabili » les plus cités sont ceux de l’Italien Angelo Scola, l’Autrichien Christoph Schönborn, le Hongrois Peter Erdö, l’Américain Sean O’Malley, le Québécois Marc Ouellet, le Brésilien Odilo Scherer, le Ghanéen Peter Turkson et le Philippin Luis Antonio Tagle.
Numériquement et psychologiquement, les chances d’un Occidental sont plus fortes qu’un candidat du Sud, qui même talentueux, serait moins connu.
Lundi après-midi au Vatican, descendant de voitures avec chauffeur, de taxis, de minibus ou à pied, les princes de l’Eglise, portant ceinture et calotte rouges, se montraient peu diserts. « Priez pour nous », a lancé aux journalistes le cardinal Ouellet.
2013-03-04 23:54:37