Le ministre de la Justice garde des Sceaux, Malick Coulibaly a procédé à une vague de changements dans les tribunaux de Kayes, Mopti, et Bamako à la faveur desquels de nombreuses têtes connues de la justice sont tombées. Elles sont remplacées par d’autres figures triées sur le volet en fonction de leur compétence, leur technicité et surtout leur intégrité. Des critères qui auront profité à de jeunes magistrats réputés sérieux dans le travail mais aussi à des « vieux briscards » qui maitrisent parfaitement le rouage de la justice.
Parmi les vétérans nommés figurent le bouillant magistrat Daniel Amagouin Téssougué, dont le passage au Bureau du Vérificateur général ne s’est aucunement fait sous silence. Nommé comme procureur général de la Cour d’appel de Bamako, ce magistrat chevronné qui ne mâche pas ses mots aura été choisi par le ministre (magistrat de formation) pour mettre sur les rails le train judiciaire de plus en plus décrié. Il remplace un autre homme de sérail en poste depuis quelques années. Il s’agit de Souleymane Coulibaly.
L’homme est présenté comme l’incarnation d’une justice libre et équitable. Ce magistrat « rebelle » aura à travailler avec Idrissa Arizo Maïga comme avocat général. Ce magistrat de grade exceptionnel précédemment procureur de la République près le Tribunal de première instance de Kayes, est un fin connaisseur du milieu.
Il quitte Kayes où il était le procureur de la République près le Tribunal de première instance. Lui aussi, selon certaines sources, est une personnalité de l’appareil judiciaire connue pour sa franchise, son sens élevé pour le travail bien fait. Son choix, tout comme tous les autres, serait intervenu, dit-on, après de minutieuses enquêtes de moralité.
Fodié Touré, l’ancien président de la Céni, a – quant à lui – été nommé au Tribunal de première instance de la Commune I.
Parmi les partants il y a le procureur de la Commune III et juge anti-corruption. Après 8 ans à ce poste, Sombé Théra devrait s’attendre le moins à conserver son ce poste. Certains pensent que le désormais ancien procureur anti-corruption commençait à s’essouffler et ne donnait plus le résultat que l’on attendait de lui sur les dossiers de détournement de biens publics.
Ils estiment que les rapports de la Casca sont restés lettre morte. La routine tue. Il quitte sa place qui sera occupée par une autre personnalité faisant partie de l’éminence grise du corps au Mali. Il s’agit de Mohamed Sidda Dicko, un magistrat de grade exceptionnel précédemment conseiller à la Cour constitutionnelle. Le nouveau procureur du Pôle économique et financier, apprend-on de son entourage, est un détenteur d’un MBA en gestion d’une université américaine. Son intégrité et amour pour la justice ne souffrent de l’ombre d’aucun doute.
Les jeunes magistrats reconnus par leur sérieux auraient été récompensés. C’est ainsi que Ladji Sara, précédemment juge de paix à compétence étendue de Niono est nommé au Tribunal de première instance de Kati. Le nouveau procureur est attendu pour mettre plus d’ordre dans les affaires judiciaires de la localité où les imbroglios juridico-fonciers sont monnaie courante. Mais, selon certaines sources, l’homme a marqué son passage dans la capitale du riz par l’instauration d’une justice équitable.
Dans l’entourage du ministre de la Justice on soutient cette vague de mouvements comme étant l’émanation de la volonté du chef de trouver les hommes et femmes capables de conduire le projet de renaissance de la justice malienne au service du peuple.
Le chef du département veut se donner les ressources nécessaires à la réalisation de ses missions. En jetant son dévolu sur ces personnalités, l’objectif du ministre est, semble-t-il, d’injecter du sang nouveau à ses services pour atteindre l’objectif fixé : une justice sociale pour tous. En d’autres termes, dit-on, une guerre est en effet engagée contre la justice expéditive, instrumentalisée ou aux ordres d’une catégorie sociale.
Des vagues de nominations et d’affectations de ce genre ne tardent pas à susciter des mouvements. Selon certaines sources, le Syndicat autonome de la magistrature (Sam) serait dans la logique de saisir le président de la République (président du conseil supérieur de la Magistrature) contre cette décision. Mais, le président Dioncounda Traoré qui semble déjà faire face aux urgences qui l’attendaient à telle enseigne qu’un report sine die de la réunion du Conseil supérieur de la magistrature est presque inévitable.
Mais en attendant, de source proche du département, on affirme avoir respecté tous les préalables de cette réunion.
En tout état de cause cette vague de nominations et d’affectations, qui constitue un pavé dans la mare judiciaire, n’est qu’une étape d’une série annoncée. D’autres mouvements sont annoncés d’ici à la prochaine rentrée judiciaire.
Youssouf Coulibaly
L’Indicateur du Renouveau
(30 Juillet 2012)
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