Nombreux sont les élèves maliens qui travaillent pendant les vacances pour préparer la rentrée scolaire. Issus essentiellement des familles à moyens limités, ils sont contraints de troquer leurs vacances pour des petits boulots saisonniers. Certains vendent des boites de kleenex sur les grandes artères de la ville ou des sucreries et des sachets en plastique au grand marché de Bamako. D’autres essaient de trouver un petit métier dans un garage du quartier ou un restaurant qui a besoin d’une main d’œuvre supplémentaire pendant la période des congés. Ils travaillent durement sans relâche pour aider leurs familles et acheter leurs fournitures scolaires.
C’est le cas de Bassirou Nimaga, 14 ans, élève à l’école de Boulkassombougou. Cela fait trois ans qu’il a pris l’habitude d’être autonome financièrement. Il vend tout ce qu’il peut porter sur son dos et dans ses bras: sachets en plastiques, bonbons, ballons… Ses paroles dépassent de loin son âge. Il est déjà mûr et voit l’avenir avec optimisme même s’il est issu d’une famille démunie. Mamadou Niangado, un lycéen de 15 ans et vendeur de kleenex, ajoute : «C’est avec ces petits boulots que nous préparons la rentrée scolaire. Les parents sont pauvres.
C’est à nous de nous débrouiller pour nous instruire.» Le week-end est réservé à la détente. Pour Bassirou, il y a plusieurs choix : «On peut aller au vidéo club pour jouer à la playstation, organiser un match de football, ou faire du vélo».Par ailleurs d’autres jeunes dont la situation familiale est confortable optent également de travailler pendant les vacances scolaires. Ils s’assignent pour objectif d’enrichir leur expérience personnelle en se préparant à la vie active.
Moussa Djibo, 15 ans et élève au lycée, est l’un d’entre eux. Depuis deux ans, il travaille pendant les congés en tant qu’apprenti menuisier dans une menuiserie à Djélibougou. Ses parents étaient, au départ, étonnés par sa décision. Mais ils l’ont finalement encouragé. «Mon travail me permet de me forger, au fil du temps, une solide personnalité. En plus, l’argent que je touche pendant ces mois me permet de m’offrir tout ce que je veux», dit-il.
De l’avis de Mohamed Sidibé, parent d’élèves, les vacances ne sont pas un temps de paresse, au contraire : «C’est l’occasion pour les enfants d’apprendre de petites choses qu’ils ne peuvent faire pendant les classes. C’est ainsi que les jeunes filles apprennent à broder, à faire des tresses ou à fabriquer des paniers, tandis que les garçons s’exercent à la pêche et autres petits métiers». En revanche, quelques parents aisés voient encore mal la question. Mais ils finissent souvent par être persuadés de l’intérêt de cette activité qui permet à leurs enfants d’acquérir l’esprit de responsabilité.
Madiassa Kaba Diakité
Le Républicain 13/07/2011