« Si le marché du travail continue à s’améliorer plus rapidement qu’anticipé (…), les hausses du taux directeur (de la Fed) pourraient probablement intervenir plus tôt et être plus rapides que ce qui est actuellement envisagé », a-t-elle déclaré lors d’une audition devant le Congrès américain.
Depuis fin 2008, la Fed maintient son principal taux directeur proche de zéro pour soutenir la reprise et fluidifier le crédit, créant une période d' »argent facile » qui fait le bonheur des marchés financiers.
Mais à mesure que l’économie américaine reprend des couleurs, la Fed se prépare à relever progressivement ce taux, alimentant un flot incessant de spéculations et des flux de capitaux volatils.
Anxieux, les marchés tablent dans l’ensemble sur une première remontée à la mi-juin 2015. Mais aucune date n’a été officiellement avancée et la question suscite des divisions au sein de la Fed.
— Incertitudes —
Mme Yellen a de nouveau refusé mardi de préciser une échéance précise et a répété qu’un futur changement de cap n’interviendrait que si l’économie américaine continuait d’avancer vers le double objectif de la Fed, le plein emploi et une inflation annuelle de 2%.
Selon la présidente de la Fed, les récentes données suggèrent bien que la croissance économique a « rebondi » au deuxième trimestre, après un début d’année dans le rouge qui a vu l’économie américaine subir sa plus forte contraction depuis cinq ans (-2,9% en rythme annualisé entre janvier et mars).
Cette embellie doit toutefois « être surveillée de près », notamment s’agissant du marché immobilier qui montre des signes de faiblesse, a-t-elle ajouté.
Sur un plan comptable, l’amélioration sur le front de l’emploi a, elle, dépassé les attentes de la Fed avec un taux de chômage tombé à 6,1% en juin alors que la Banque centrale n’attendait pas un niveau aussi bas avant la fin de l’année.
« L’économie continue de faire des progrès », a résumé Mme Yellen, confirmant par ailleurs que les injections massives de liquidité de la Fed pourraient s’achever en octobre en cas de poursuite de l’embellie économique.
En banquière centrale avisée, la présidente de la Fed fait toutefois preuve d’une grande prudence. Elle suggère ainsi que la banque centrale pourrait maintenir son taux directeur à son niveau actuel si la conjoncture se retournait.
« Si les performances économiques sont décevantes, la trajectoire future des taux d’intérêts pourrait être plus accommodante qu’actuellement anticipé », a ainsi détaillé Mme Yellen, dans le jargon propre aux banquiers centraux.
« Même si l’économie s’améliore, la reprise n’est pas encore complète », a-t-elle plus généralement mis en garde, soulignant « l’incertitude considérable » entourant les prévisions économiques de la Fed.
Sur le front de l’emploi, Mme Yellen estime que « trop d’Américains » sont encore au chômage et s’inquiète d’une baisse du taux de la population à la recherche d’un emploi.
« Il y a des signaux contrastés sur l’économie » et « la Réserve fédérale doit être très prudente s’agissant de sa politique monétaire », a-t-elle résumé, évoquant de précédentes « lueurs d’espoirs » qui s’étaient avérées « trompeuses » et avait conduit à un « excès d’optimisme ».
Cette prudence reflète également les divisions sur la question de la remontée du taux directeur au sein du Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC), révélées au grand jour par les minutes de sa dernière réunion mi-juin.
Au cours de cette réunion, plusieurs participants avaient plaidé d’un côté pour une approche plus « progressive » –suggérant une remontée des taux plus tardive– dans le cas où les prévisions de croissance ne seraient pas atteintes d’ici à la fin de l’année.
Mais « d’autres participants » avaient au contraire fait valoir que la croissance économique pourrait être plus dynamique que prévu, nécessitant une remontée « plus rapide » des taux, selon les minutes publiées la semaine dernière.
afp/jq
(AWP / 15.07.2014 17h37)