Depuis la signature de l’accord qui l’a amené à céder le terrain institutionnel au Président Dioncounda Traoré pour diriger la transition, le tombeur du Président ATT s’est mis à l’abri des cameras de la presse nationale et internationale. Mais le chef du Cnrdre est bel et bien à Kati, nous dit un de ses proches, contrairement à certaines affirmations selon lesquelles, il aurait quitté le camp Soundiata Kéita de Kati.
Pourquoi ce mutisme de l’homme du 22 mars, alors même qu’il aurait pu se prononcer sur bien de choses, et en premier lieu sur l’accord trouvé avec la CEDEAO, lui octroyant le statut d’ancien chef d’Etat, et permettant au Président Dioncounda Traoré, de continuer comme Président d’une transition pour un an ? Selon nos sources à Kati, notamment dans l’entourage immédiat du Capitaine, « il se porte bien comme un charme, et n’a pas changé ses habitudes d’un iota », nous dit un de nos interlocuteurs. C’est quoi les habitudes du Capitaine ? Chaque matin il est au bureau, nous dit-on. Son temps est très souvent partagé entre des séances de travail avec ses compagnons d’armes, et des audiences. Avec qui et sur quels dossiers ? « Ils sont nombreux, mais il fait de la restructuration du CNRDRE son cheval de bataille », apprend-on dans l’entourage de l’homme. A Kati, le Capitaine Amadou Haya Sanogo et ses hommes pensent fermement que l’accord du 20 mai dernier, permet cette restructuration qui passera par l’octroi de « statuts, avantages et missions » aux autres membres du comité, pour une meilleure participation dans la réussite de la transition.
Le dossier du changement positif des conditions des hommes de troupes, camps et casernes est une « priorité de cœur et de raison », selon un de nos interlocuteurs dans son entourage. Mais, pas plus que la reconquête du Nord primordiale, à laquelle le Capitaine entend participer activement, ajoute t-il. Selon lui tout le monde a fait le constat du mutisme du Capitaine depuis le 18 mai. Cependant, souligne notre interlocuteur de Kati, une lecture de l’accord du 20 mai peut donner l’impression qu’il fait des gagnants comme le Capitaine Sanogo et Dioncounda Traoré, en donnant à l’un le statut d’ancien chef d’Etat et en désignant l’autre comme Président de la transition et non plus intérimaire. Non dit-il, c’est le Mali qui gagne et nous devons éviter des erreurs de lecture. Au nom de cette entente le Capitaine comme Dioncounda n’ont pas parlé laissant cela à Bassolé le médiateur. Selon lui, même le PM se voit continuer alors que le gouvernement aussi pouvait faire les frais d’un non accord. Notre interlocuteur note froid : « Et puis le lendemain de la signature de l’accord, le molestage du président par intérim est venu tout compliquer. Le capitaine a lui même signé un communiqué pour condamner cet acte qui ne grandissait personne », soutient-il. Mais depuis, le Capitaine n’a pas fait d’apparition, pourquoi ? Ce proche poursuit, c’est une suite d’évènements comme l’agression du Président ajouté à la signature de l’accord et à la persistance des ‘’conventionnistes ‘’ à investir le capitaine, qui ont amené ce dernier à la « prudence et à rester au dessus de la mêlée ».
Activités du Capitaine
Au cours de la semaine dernière, le capitaine a accompagné le Premier Ministre à l’infirmerie de Kati. Cette visite a été perçue à Kati, comme un rattrapage de sa part, en allant s’enquérir de l’état de santé de certains de nos militaires blessés au Nord. Contrairement à lui, le Président par intérim Dioncounda Traoré avait effectué cette visite au tout début de sa mission. Vendredi dernier, à Dar es Salam le capitaine Amadou Haya Sanogo a rendu visite au domicile du capitaine Sékou Traoré, pour réconforter sa famille. Le capitaine Sékou Traoré a été lâchement assassiné à Aguel hoc en compagnie de plusieurs de ses hommes par les islamistes d’Aqmi et autres mouvements acolytes. Selon notre interlocuteur le Président du CNRDRE s’est ainsi acquitté d’un devoir moral qu’il n’avait pu jusque là faire du fait de ses occupations.
Par ailleurs, de sources diplomatiques et concordantes, nous apprenons (anonymat assurée) l’audience accordée par le Capitaine Amadou Haya Sanogo à certains ambassadeurs dont ceux de certaines puissances qui ont voulu avoir la certitude de la sincérité de la volonté du Capitaine de ne pas gêner le fonctionnement régulier des institutions de la transition. La réponse a été certainement positive, quand on en déduit de sa logique de retrait. A Kati c’est le langage de l’apaisement et de la responsabilité, surtout d’un regard tourné vers le nord et la volonté de donner aux occupants, la réponse d’une armée malienne bien restructurée. A tout point de vue, le Capitaine semble céder le terrain politique. Ce n’est surtout pas le Premier ministre qui nous démentirait, lui qui se sent comme un poisson dans l’eau. En attendant le retour du Président par intérim de sa convalescence parisienne.
B. Daou
Le Républicain Mali 05/06/2012