Dans notre livraison du vendredi dernier, nous titrions: «URD : un congrès extraordinaire qui enfonce davantage le parti ». Eh bien, le temps semble nous donner raison. Le vent de la division a commencé à souffler. Le congrès extraordinaire, tenu le dimanche, 16 janvier 2022 à la demande d’une franche importante des membres du parti constitués en collectif, censé faire sortir le parti de la « léthargie », vient de poser les jalons d’une autre crise. Pr Salikou Sanogo, 1er vice-président de l’URD, lors de la présentation des vœux du parti à la presse, a donné le ton. «Nous n’allons jamais reconnaître ce congrès extraordinaire ». Va-t-on vers un bicéphalisme au sein de ce parti ?
Le parti Union pour la République et la Démocratie n’a pas encore soldé les séquelles causées par le décès brutal de don père fondateur, l’honorable Soumaïla Cissé, le 25 décembre 2020. Le parti vit toujours des difficultés. En plus de la guerre de façade de changement dans la direction du parti, sévit une profonde crise de choix d’un candidat consensuel pour défendre ses couleurs lors de la présidentielle à venir. Et cette question, qui conduit aujourd’hui à un déchirement sans précédent, et le congrès tenu le 16 janvier 2022 en ont ajouté leur part.
En effet, avec cette question de choix du candidat à la future présidentielle, deux tendances ont vu le jour au sein du parti. L’une est tenue par Mme Coulibaly Kadiatou Samaké (collectif), 3ème vice-présidente, et l’autre par Pr. Salikou Sanogo, 1er vice-président. Chacune des deux franges dit défendre les idéaux du père fondateur.
La tendance Mme Coulibaly Kadiatou Samaké, qui a réclamé et obtenu la tenue d’un congrès extraordinaire, accuse celle de Salikou de mal gouverner. « La mauvaise gouvernance, les dissensions sciemment créées, le non-respect des dispositions statutaires, les règles dictatoriales imposées au parti au détriment des règles démocratiques, la discrimination imposée aux candidatures potentielles » avec comme conséquence le non-respect des valeurs défendues de tout temps par feu Soumaïla Cissé : « unité, cohésion, rassemblement, tolérance, combativité, compétence, intégrité, souci d’un Mali meilleur comptant sur tous les fils de notre nation qui adhèrent à nos principes et objectifs », déclarait lors d’un point de presse Mme Coulibaly Kadiatou Samaké.
Pour le Pr. Salikou Sanogo et ses soutiens, la tenue du congrès demandé par le collectif « viole les textes du parti». Ceux-ci prévoient, dit-il, que l’intérim soit assuré par les vice-présidents par ordre de préséance, en cas d’empêchement du président. Selon le Professeur Sanogo, l’acte posé par les membres du Collectif n’a pour objectif que de diviser le parti. « Cette convocation n’est qu’un pur montage orchestré par des cadres qui veulent s’en servir pour prendre la direction du parti ». Il a toujours défendu d’avoir montré pattes blanches pour le choix du représentant du parti pour la conquête de Koulouba. «J’ai l’habitude de le dire et je le redis aujourd’hui, Salikou Sanogo est à équidistance de tous les militants du parti. Je le dis en prenant Dieu à témoin. En ajoutant que mon éthique, ma dignité et mon honneur, fort malmenés depuis quelque temps, m’interdisent toute espèce de clanisme. Salikou Sanogo n’est, n’a été et ne sera l’homme lige de qui que ce soit». «Tout, absolument tout, se fera dans la transparence sous la supervision et la décision souveraine du Bureau exécutif national (BEN) du parti… parce que justement, je n’ai pas et n’ai jamais eu la moindre espèce d’agenda», a-t-il précisé.
Le congrès a été tenu et Gouagnon Coulibaly a été élu comme président du parti, comme il fallait s’y attendre.
Au moment où les partisants de Gouagnon Coulibaly disent qu’ils vont tenir bon, le Pr Salikou Sanogo et sa tendance disent ne pas reconnaître leur congrès.
En effet, la présentation des traditionnels vœux à la presse, tenue le samedi, 22 janvier 2022, a été l’occasion choisie par Salikou et les siens d’exprimer ce qu’ils pensent. Abordant la crise au sein du parti, Me Boubacar Karamogo Coulibaly, membre du bureau national du parti, a invité les militants à la cohésion pour le bon fonctionnement du parti.
« Je demande aux militants de ne pas tronquer les textes, restons soudés, donnons-nous la main pour continuer avec l’idée du président du parti, feu Soumaïla Cissé car il avait ce don d’unir les gens dans le grand respect et pour la bonne démocratie. Ce congrès viole les textes du parti », conclut-t-il.
Pour M. Ibrahima N’Diaye, 2è vice-président, « l’URD est un parti créé pour la défense de la démocratie. Dans ce cas, je demande à toutes et à tous, les militants, de se ressaisir, de voir les textes, les lois du parti avant de prendre certaines décisions. Le congrès extraordinaire, qui a eu lieu le 16 janvier 2022 et qui a été l’occasion d’élire un président à la tête du parti, M.Gouangnou Coulibaly, ce choix est mal fait, c’est un combat sans issue. Ce sont deux cotés qui se font face maintenant. Le congrès ne sera pas reconnu par les anciens du parti car c’est une violation des règles du parti »
En réponse aux questions posées par les journalistes, Pr Salikou Sanogo dira que « selon l’article 59 du parti, les réunions extraordinaires sont présidées par le 1er vice-président et ce congrès a eu lieu sans ni la présence du 1er, ni du 2ème. Ce qui fait que nous n’allons jamais reconnaître ce congrès extraordinaire. Le parti va toujours demeurer dans le respect de ses textes et de ses règles comme cela a toujours existé quand le président Soumaïla Cissé était en vie encore ».
Par ailleurs, la tendance Salikou se dit ouverte au dialogue. « Nous sommes dans la mouvance d’écouter tout le monde, même ceux qui ne sont pas militants et qui veulent nous aider à sortir de cette crise d’incompréhension, mais ce qu’il faut retenir aussi, c’est que nous ne leur donnons pas raison, ce sont les textes qui nous donnent raison et nous allons continuer toujours dans cette logiques », a déclaré le Pr. Salikou Sanogo.
A suivre donc.
Rassemblées par Zié Coulibaly
Source : Plume Libre