La monnaie est une question de souveraineté, dit-on. Les pays de l’Afrique de l’ouest membres de la Cedeao ont fait d’admettre cette évidence et travaillent à avoir leur monnaie unique depuis des décennies. Voilà pourquoi, à l’ouverture du séminaire, M. Sidi Mohamed Seck, secrétaire général du ministère de l’économie et des finances représentant son ministre empêché, a dit que « cela fait trente cinq ans que nos Etats de l’Afrique de l’ouest cheminent ensemble vers la concrétisation de l’union économique et monétaire qui se solidifie au fil du temps grâce à la détermination des Institutions en charge de cette question. » M. Seck a alors saisi l’occasion pour saluer l’adoption par le conseil de convergence de la feuille de route pour la création de la monnaie unique de la Cedeao.
Celle-ci est la feuille de route qui définit les nouvelles modalités d’atteinte de l’objectif d’une monnaie unique dans le cadre du Programme de coopération monétaire de la Cedeao (Pcmc) qui envisage le lancement de l’union monétaire de la Cedeao en 2020 avec la création d’une Banque centrale commune et l’introduction d’une monnaie unique.
La concrétisation de ce projet d’intégration monétaire, dira M. Seck, est d’autant importante que j’ai la ferme conviction que nos économies et nos marchés pris individuellement, si prospères soient-ils, resteront des enclaves économiques sans perspectives réelles de développement. Le constat fait dans le cadre de la surveillance multilatérale, ajoutera-t-il, est que l’un des problèmes majeurs qui affectent nos économies et leur processus de convergence demeure l’ampleur des déséquilibres budgétaires. Et de conclure : « Nous restons convaincus que le respect des critères de convergence est au prix d’une saine gestion des finances publiques. »
Ainsi, au cours du séminaire, d’importants sujets d’intérêt commun, tels que la nécessité et les avantages de l’intégration économique et monétaire en Afrique de l’ouest, le programme de coopération monétaire de la Cedeao ainsi que la feuille de route, l’intégration des secteurs financiers et le rôle des Banques dans le programme d’intégration monétaire au sein de la Cedeao, ont été abordés. Thèmes pertinents du débat desquels les balises posées trouveront les fondations nécessaires pour se consolider.
Dans son allocution, le Professeur Ngaladjo Lambert Bamba, commissaire chargé des politiques macro-économiques de la Cedeao, a rappelé que la conférence des chefs d’Etat, en adoptant le Traité de la Cedeao en 1975, avait, entre autres visées, pour objectif de faire de notre région un espace où les différentes populations peuvent circuler librement et échanger plus facilement entre elles. La région devrait donc devenir un espace économique fort et véritablement intégré. Dans le processus de consolidation de cette intégration et de facilitation des échanges, a noté Pr. Bamba, il a été adopté le Programme de coopération monétaire de la Cedeao en 1987 pour compléter l’intégration économique par une intégration monétaire.
Depuis l’adoption du programme de coopération monétaire de la Cedeao, des actions ont été entreprises pour la réalisation des objectifs qui lui étaient assignés. Dans ce cadre, même si les résultats escomptés n’ont pas été atteints, il y a lieu de relever que des avancées significatives ont été enregistrées.
Pour le Professeur Bamba, avec le changement institutionnel intervenu en décembre 2006 transformant le Secrétariat exécutif de la Cedeao en Commission, une accélération a été enregistrée dans le processus de création de la monnaie commune de la Cedeao. C’est ainsi que la feuille de route pour la création de la monnaie unique de lka Cedeao en 2020 a été adoptée par les instances communautaires. Cette feuille met l’accent sur l’harmonisation des politiques, l’achèvement du marché commun, la mise en œuvre graduelle des arrangements institutionnels et juridiques et le développement économique de la région. La création de la monnaie unique permettra d’inscrire l’Union dans une dynamique de matérialisation de la vision 2020 pour effectivement passer de la Cedeao des Etats à la Cedeao des Peuples.
Pr. Bamba a relevé que les institutions communautaires, dans le cadre de la réalisation des missions à elles confiées, entreprennent des actions à même de leur permettre d’atteindre les résultats escomptés. Ces actions, dit-il, ne sont pas toujours suffisamment connues des populations, de nos chercheurs et de nos universitaires pour lesquels elles sont sensées être menées. Or, note-t-il, on ne peut adhérer pleinement à la mise en œuvre d’une initiative que si l’on est bien informé des principaux objectifs poursuivis et leur portée pour l’ensemble de la communauté.
Il faut enfin signaler que plusieurs personnalités ont participé au séminaire au cours duquel d’importants thèmes ont été débattus de long en large.
Djita Macalou
Le National 29/04/2011