Ils doivent se mettre d’accord sur des postes-clés dont celui du président du Conseil européen et du nouveau chef de la diplomatie. Hier, c’est sans surprise que Jean-Claude Junker a été élu à la tête de la Commission.
Les dirigeants européens doivent décider qui succèdera en décembre prochain à Herman Van Rompuy, l’actuel président du Conseil européen et à Catherine Ashton, la haute représentante pour les Affaires extérieures, fin octobre. Quelles sont les attentes des Européens et de leurs élus au Parlement de Strasbourg ? « Ce qui compte pour nous, c’est vraiment la compétence et la vision de l’Europe », explique Philippe Lamberts, vice-président du groupe des Verts. De l’avis général, Herman Van Rompuy et Catherine Ashton n’ont pas réussi à incarner une Union européenne à la hauteur des espérances des pro-européens.
De nombreuses divisions
Les dirigeants européens avaient soigneusement choisi des personnalités qui ne risquaient pas d’affirmer leur vision de la politique européenne et d’empiéter sur les prérogatives du Conseil européen. Un Conseil qui reste encore très divisé sur les questions internationales. « Nous sommes divisés sur de nombreuses questions, confirme Guillaume Balas, eurodéputé socialiste. Je citerais par exemple le très grand retard que l’Union européenne a eu pour se mettre au diapason de la France sur la question malienne ou les très grandes incertitudes sur la question ukrainienne, notamment entre l’Allemagne et d’autres pays. Donc il faudra quelqu’un qui soit capable d’initier ce débat sur les questions diplomatiques qui ne soit pas un secrétaire des incertitudes européennes mais un animateur qui soit capable de concilier les divers intérêts des divers pays européens pour arriver à un intérêt général européen. Donc il faut une personnalité forte. »
Van Rompuy à la recherche du compromis
C’est le président du Conseil, le Belge Herman Van Rompuy, qui est chargé de trouver les candidats à la fonction de chef de la diplomatie européenne, à la présidence de l’Eurogroupe et à sa propre succession. Et le résultat sera nécessairement le fruit de compromis. Un jeu de domino où les Britanniques pourraient avoir la main. C’est ce qu’explique Marianne Dony, présidente de l’Institut d’études européennes à l’Université libre de Bruxelles : « Après la mini-crise qu’a provoquée la nomination de Jean-Claude Juncker comme président de la Commission européenne, Herman Van Rompuy va tout faire pour éviter un nouveau conflit ouvert avec les Britanniques, particulièrement dans un domaine comme la politique étrangère et de sécurité ou la défense, où on sait que le Royaume-Uni a des intérêts très importants, même si on pourrait faire un choix sans [son] accord. [Mais] politiquement, ça me paraît assez improbable. »
Quelle parité homme-femme ?
Des noms circulent, et parmi eux, ceux de femmes comme la socialiste Helle Thorning Schmidt, Première ministre danoise. La parité sera un des éléments du casse-tête que devront résoudre ce soir les dirigeants européens. « Il y a le nom de cette femme qui a circulé pour la présidence du Conseil européen, précise Marianne Dony, cependant le fait qu’elle soit issue d’un pays non membre de la zone euro peut poser un problème. Mais il y aura de toute façon une femme présidente du Conseil européen ou haute représentante, ça me paraît incontournable ». Philippe Lamberts est lui aussi convaincu que les femmes auront une place dans les nouvelles instances européennes : « On devrait de toute façon trouver un équilibre des genres à la tête de l’Union européenne, maintenant j’espère que ce sera avec des gens de grand format et pas avec des gens dont l’unique mérite est d’avoir la bonne couleur politique ou le bon sexe ou la bonne origine géographique. » En plus de ces nominations, les Vingt-Huit discuteront avec le nouveau président de la Commission Jean-Claude Juncker des postes de commissaires au sein du futur exécutif européen et notamment de celui très convoité de commissaire aux Affaires économiques.