Ils s’indignaient surtout du fait que les troupes sont envoyées au combat sans l’assistance et la logistique suffisantes pour livrer bataille. ‘’ Nos parents sont en train de mourir au Nord, on ne leur vient pas en aide aussi bien du point de vue du matériel, du personnel et des nourritures. ATT a mal géré le conflit. On nous parle aujourd’hui d’une complicité avec les assaillants. Pour nous, l’absence de nouvelles de nos parents en guerre au Nord est très inquiétante, nous ne savons pas dans quelle situation, ils se trouvent, ‘’ disaient-ils, sous le choc de l’émotion et de l’indignation. La tension était à son paroxysme. Sur des banderoles on lisait: « A bas ATT, Assassin de nos soldats, ATT démission, complice des bandits armés, Nous demandons aux militaires de prendre leurs responsabilités… ‘’ Partout dans le centre ville, sur la route menant à Koulouba, dans les quartiers alentour les marcheurs ont laissé éclater leur colère, une colère à la hauteur de leur douleur. Au milieu des flammes de pneus calcinés, de la Place de la République, on entendait dire distinctement, ‘’ c’est ici que le pouvoir de Moussa Traoré a pris fin et le pouvoir d’Att prendra fin ici. Nous allons tous monter à Koulouba ‘’.
La Nouvelle force africaine (Nfa), une association créée il y a environ 6 mois, a laissé entendre que le discours d’ATT qui était très attendu n’a fait que révéler son incompétence, car, le chef de l’Etat a préservé les Touarègues et non leurs frères qui sont au front, au Nord de notre pays. Ce faisant, elle a tenu à préciser cependant qu’elle ne faisait aucune distinction ethnique ou régionale entre les Maliens, mais pense que le peuple malien doit se mobiliser pour soutenir nos forces armées. Aujourd’hui, ajoute- t- elle, ‘’ nous nous sommes rendus compte que les jeunes recrutés dans l’armée, qui étaient des soutiens et une fierté pour leur famille sont envoyés à la boucherie. On considère ATT comme un complice des assaillants, s’il ne peut pas gérer le problème, qu’il démissionne ! ‘’
Les militants de la Nfa se sont posé des questions sur le contenu des discussions entre ATT et les représentants des communautés du Nord récemment reçus à Koulouba. Ils dénoncent aussi la mort d’un de leurs camarades, un ancien militant de l’Aeem, qui figurait parmi les militaires à Aguelhok et qui, pendant deux jours, ont-ils appris, avait demandé des renforts. « Si le président de la République ne maîtrise plus le dossier, ont-ils dit, il faut qu’il en confie la gestion à l’état-major général des forces armées afin qu’il puisse prendre toutes ses responsabilités et défendre l’intégrité territoriale du Mali. ‘’ Les membres du bureau de la Nfa ont affirmé que ceux qui sont à l’origine des actes barbares sont connus. De ce fait, ils ont demandé ‘’ au président de la République de lancer un mandat d’arrêt international contre ces agresseurs, dont l’un de leurs membres, Moussa Ag Assarid, a fait des déclarations sur Rfi et Tv5, limitant le territoire malien à Douentza. ‘’
Selon nos sources, les marcheurs, constitués de femmes de militaires résidant à Kati, de parents de soldats du camp de garde de N’Tomikorobougou, de militaires en civils, d’élèves et une grande foule sortie pour l’occasion, se sont rendus, dans la foulée de la manifestation, à Koulouba où une délégation de femmes a été reçue par le président ATT qui a conféré avec elles. Sorti ensuite pour s’adresser à la foule restée à l’extérieur du palais, le chef de l’Etat a été accueilli par une foule très hostile. Plus tard, dans la soirée, nous apprenons par la télévision nationale un réaménagement technique du gouvernement : le général Sadio Gassama occupera désormais le ministère de la Défense et des anciens combattants.
Baba Dembélé
Le Républicain Mali 03/02/2012