Nous femmes des Aéroports du Mali, rendons grâce à Dieu le tout puissant et venons nous confier à vous pour un Mali apaisé, Uni et surtout pour que l’ensemble des aéroports restent la souveraineté du Mali.
Monsieur le Président, nous femmes de « Aéroport du Mali», sommes regroupées en collectif au sein de l’entreprise depuis sa création. Nous nous regroupons tous les deuxièmes vendredi du mois chez une des membres pour échanger et discuter.
Cette pratique, du reste, n’est pas propre à cet établissement. Elle est courante dans bon nombre de structures.
Nous avons compris, Monsieur le Président, que les événements récents qui ont conduit le « Collectif des femmes de Aéroport du Mali» à demander la démission de Mme THIAM Aya DIALLO Président Directeur Général des Aéroports du Mali ont retenu votre attention et amené le Ministre de l’Equipement et des Transports à intervenir personnellement sur votre instruction afin qu’un dialogue soit immédiatement établi avec ce Collectif en vue d’une solution au problème.
Nous nous réjouissons, Monsieur le Président, que vous portiez, ce faisant, une attention toute particulière à notre établissement que nous aimons bien et que certaines parmi nous servent depuis plus de trois décennies.
Monsieur le Président, lorsque vous travaillez pendant de nombreuses années dans une entreprise, des rapports de collaboration empreints de courtoisie, d’écoute et d’échanges, de compréhension et de respect mutuel s’établissent avec votre employeur si en plus, dans un tel climat de sérénité vous réalisez ensemble les objectifs de rentabilité que les autorités vous ont assignés, vous comprendrez aisément aujourd’hui le désarroi et la grande inquiétude de celles là qui , dit-on , ont « prise en otage» durant quelques heures la personne que vous avez bien voulu désigner à un moment donné de l’histoire des Aéroports du Mali comme « Président Directeur Général» de ladite Société.
Vous avez l’habitude de dire dans vos déclarations que c’est la mauvaise gestion du patrimoine public, du personnel, les mauvaises pratiques qui ont pour nom gabegie, délinquances financières et népotisme qui tuent nos Sociétés et obligent à leur
privatisation. La privatisation elle-même, pourrait on ajouter, n’est pas la solution si le nouvel acquéreur, fut- il un étranger ou un Malien « pur sang », ne fait pas preuve de rigueur dans sa gestion. C’est dire donc, Monsieur le Président que c’est le manager compétent, doté d’un savoir faire et d’un savoir être qui réussit. Nous reviendrons là dessus pour le cas de « Aéroports du Mali ».
Vous voudriez donc nous permettre, Monsieur le Président, de vous apporter à ce propos les motivations et griefs du Collectif qui sont à l’origine des réclamations.
S’agissant de la mise en concession de Aéroport du Mali, il serait prétentieux de notre part de vous en expliquer les conditions de mise en oeuvre, de la conduite du projet au niveau gouvernemental ou des choix qui ont amené l’Etat et le Gouvernement à préférer un soumissionnaire à un autre. Nous retenons simplement qu’une mesure de ce type doit être fondée comme nous l’avons signalé plus haut en référence à vos déclarations, sur:
1- Déficit d’investissement
2. Une mauvaise gestion.
1. Un déficit d’investissement
On ne saurait parler de déficit d’investissement concernant les Aéroports du Mali dans la mesure où les Américains dans le cadre du MCC, vont faire don au Mali d’une nouvelle aérogare moderne avec toutes les commodités comme vous l’aviez dit vous-même sur les antennes lors de la signature du Millenium Challenge.
Aucune conditionnalité à ce don n’a été portée à la connaissance des Maliens lors de cette signature. A supposer même que le partenaire américain ait posé des conditionnalités et que pour une raison ou une autre, protocole et autres règles de
bienveillance obligent, la séance de la signature ne soit pas appropriée pour évoquer des points de « détail » comme la privatisation ou le licenciement partiel ou total du personnel des Aéroports, il aurait été indiqué quand même que nous, travailleurs de Aéroports du Mali, qui sommes les « victimes» potentiels de cette privatisation, soyons par la suite informés correctement par vos collaborateurs. Ce ne fut pas le cas.
Le Ministre de l’Equipement et la Direction des Aéroports du Mali nous ont dit au départ que le MCC était un don qui n’est assorti d’aucune conditionnalité. Si tel n’était pas le cas, l’ensemble du personnel aurait pu s’organiser en groupe de travail et constituer des « GIE » qui seraient rentrés en contrat avec le concessionnaire.
Nous aurions élaboré un plan social conforme aux exigences du personnel et qui s’appuierait sur les fonds des Aéroports du Mali pour éviter à l’Etat malien de tomber dans une situation similaire à celle de HUICOMA.
Lors de notre rencontre avec Madame le Premier Ministre, le mardi 6 décembre 2011, celle-ci nous a rassuré que tout le personnel sera maintenu. Elle affirmait qu’aucun plan social n’avait été élaboré. Cependant: Monsieur le Président, dans la réponse du Ministre de l’Equipement et des Transports à notre correspondance du 25 novembre 2011, relative à la mise en concession des Aéroports du Mali, il est écrit: « Toutefois, afin de parer à tout désagrément éventuel, le contrat N° 393/
DGMP-DSP relatif à l’évaluation de l’impact économique du plan social de la mise en place du PPP et à l’élaboration d’un projet de protocole d’accord, a été signé avec le Consultant BAC+ pour un montant de 69 762 780 FCFA TTC et un délai d’exécution de cinq (5) mois. Ledit contrat a été notifié le 17 novembre 2011.» Ce qui en rajoute, Monsieur le Président, à la confusion. Où est la vérité?
Il est donc inimaginable que quelqu’un qui veut aider à lutter contre la pauvreté te demande de renoncer à ta souveraineté. C’est tout comme si les Américains nous donnent des vivres et en nous demandant de sacrifier nos fils.
Un tel don est-il réellement nécessaire pour le pays?
Devez-vous réellement accepter une telle condition, Monsieur le Président?
Monsieur le Président, les Américains nous construisent une nouvelle aérogare.
Aéroports du Mali a été autorisé par le Ministre de l’Equipement et des Transports à investir sur fonds propres à l’aéroport de Bamako-Senou entre 2009 et 2010 plus de 17,4 milliards de FCFA avec des avenants qui dépassent largement le quota autorisé par les marchés publics.
Devons-nous donner le principal aéroport dans lequel tous ces investissements ont été effectués à une société canadienne (dont l’offre n’était pas la meilleure) pour ne récolter que d’une redevance estimée à 27,659 milliards de FCFA au bout de 30ans?
Par ailleurs, l’opération d’emprunt autorisée par le Ministre de l’Equipement et des Transports a-t-elle été autorisée conformément aux procédures auxquelles sont astreints les « Etablissements publics à caractère industriel et commercial » comme Aéroport du Mali. ? Nous en doutons.
Nous sommes heureux de porter à votre connaissance que la redevance payée à l’Etat malien par le concessionnaire pendant 30 ans correspond à la part des impôts que Aéroports du Mali verse dans le budget national car nous payons en moyenne
900 millions de FCFA d’impôts par an. Au bout des 30 ans ce montant serait plus élevé que la redevance du concessionnaire.
Il faut également noter que tous les aéroports du Mali ouverts à la circulation aérienne publique sont actuellement pris en charge, toute chose en soi que le concessionnaire ne fera pas pour le Mali.
Avec la construction de la nouvelle aérogare par les Américains et les 17,4 milliards de FCFA d’investissements réalisés sur les fonds propres des Aéroports du Mali, peut-on donner comme argument de mise en concession de l’aéroport de Bamako-Senou, le déficit d’investissements?
2- Mauvaise Gestion
Force est pour nous, Monsieur le Président, de dénoncer avec toute la fermeté requise, la manière dont le Ministre de l’Equipement et des Transports a conduit le dossier de mise en concession et la manière avec laquelle notre Président Directeur Général gère l’établissement.
Monsieur le Président, il nous plait de porter à votre connaissance qu’au moment où vous nommez, Mme THIAM Aya DIALLO comme PDG des Aéroports du Mali, la situation financière de la société était la suivante:
1) Aucune dette;
2) Aéroports du Mali était à jour dans le paiement des impôts, de l’INPS, d’EDM, de la SOTELMA;
3) Aéroports du Mali avait prêté 400 millions de FCFA à la BHM pour lui permettre de faire face à ses difficultés financières;
4) Aéroports du Mali avait au niveau des banques de la place près de 2 milliards de FCFA en liquidité (suivant relevés bancaires).
Si mauvaise gestion, il y’a eue, vous êtes tenu pour seul responsable de cette mauvaise gestion pour avoir nommé un PDG sans aucune expérience de l’administration malienne, encore moins dans le secteur aéroportuaire. Vous aviez nommé PDG quelqu’un qui:
1) Refuse catégoriquement d’appliquer un Arrêté Interministériel de nomination d’un Agent Comptable de l’Etat à Aéroports du Mali datant du 6 Août 2010.
2) Ne considère ni ne respecte sa hiérarchie. La preuve, son Ministre lui a envoyé une lettre de mise en demeure pour l’installation de l’Agent Comptable de l’Etat. A présent ce dernier n’a pas pris fonction.
3) refuse d’appliquer un protocole d’accord signé par 12 Ministres et un Secrétaire Général.
4) gère les deniers publics comme son patrimoine en s’érigeant en acheteur (mission en Chine pour l’achat des meubles et en France pour l’achat des tapis d’honneur).
C’est dans ce cadre qu’elle a contracté un marché avec un fournisseur en France pour l’achat de tapis d’une valeur de plus de 50 millions de FCFA. Le fournisseur a été payé et il n’a pas à présent livré un tapis. Elle a été obligée de passer un autre marché à hauteur de 70 millions de FCFA avec un autre fournisseur.
5) n’a aucune considération pour ses collaborateurs et les travailleurs de la plate forme.
Comment expliquez-vous, Monsieur le Président le comportement du PDG que vous aviez bien voulu nommé à « Aéroports du Mali ».
Ne sommes-nous pas en droit de croire que tout a été planifié par vous pour mettre les finances des Aéroports du Mali en mal en demandant à votre Ministre de réhabiliter l’ancienne aérogare sachant le MCC doit construire une nouvelle aérogare.
Si réellement la concession est faite pour le bien du Mali, pourquoi n’avoir pas gardé les 17,4 milliards pour développer les autres aéroports qui ne feront pas partie de la concession?
Monsieur le Président, sachez qu’en privatisant nos sociétés et entreprises d’Etat, vous privez des pères et mères de famille de revenus, leurs enfants d’une bonne éducation et vous poussez les femmes à se prostituer pour pouvoir nourrir leurs enfants.
Monsieur le Président, vous êtes un père de famille avec votre épouse et vos enfants et vos petits fils, voyez le mal que vos privatisations ont causé pour certaines familles maliennes.
Quelques conséquences de vos privatisations:
HUICOMA:
1) L’économie de la ville de Koulikoro s’est effritée;
2) des pères de famille n’arrivent plus à éduquer leurs enfants fautes de moyens car ils ont été licenciés;
3) Les Maliens se voient obligés de consommer de l’huile frelatée importée qui provoque un véritable problème de santé publique à tous les Maliens. Actuellement trois Maliens sur cinq ont un problème gastrique et deux Maliens sur cinq courent le risque d’un cancer.
Trans-rail:
1) L’économie de toutes les localités se trouvant le long des rails s’est effritée;
2) des pères de famille qui n’arrivent plus à éduquer leurs enfants fautes de moyens car ils ont été licenciés;
3) des mères de famille qui ont été obligées à se prostituer pour pouvoir nourrir leurs enfants car le père est parti en exode;
4) le renchérissement des prix des produits maraichers à Bamako;
5) l’accroissement de la délinquance et de l’insécurité dans nos villes;
Monsieur le Président, donnez à Aéroports du Mali ce que vous comptez faire pour le futur concessionnaire, nous ferons deux fois mieux que lui.
Monsieur le Président, nos enfants et nous les femmes étions prêts à sacrifier nos vies pour vous. Il ne vous reste plus que six (06) mois d’exercice de vos fonctions de Président de la République du Mali, faites en sorte que le jour où vous rendrez le pouvoir à votre successeur que cela soit fait avec Honneur et Dignité.
Monsieur le Président, nous femmes des Aéroports du Mali venons très respectueusement en tant que sœurs, filles auprès de vous pour vous demander de sursoir à cette mise en concession.
Nous prenons Dieu, la communauté internationale et malienne à témoin en vous disant que cette concession se fera au prix de nos vies ou de nos nudités dans la rue.
Monsieur le Président, nous vous prions à cause de Dieu, de l’amour pour le pays et de l’amour pour votre famille, d’éviter de poser à 6 mois de la fin de votre mandat des actes qui pourraient:
– mettre le pays à feu et à sang;
– créer des problèmes à votre successeur;
– faire de vous un ancien chef de village.
Puisse Dieu le tout puissant vienne en aide au Mali.
Veuillez croire à l’assurance de notre parfaite considération.
Ampliation:
Assemblée Nationale 1
Primature 1
Ministère de la Promotion de la Femme 1
Ministère de l’Economie et des Finances 1
Ministère de l’Equipement et des Transports 1
Ministère de la Fonction Publique 1
Aéroports du Mali 1
Administrateurs ADM 1
Centrale UNTM 1
Centrale CSTM 1
Partis Politiques 1
Collectivités Territoriales 1
Vérificateur Général 1
Médiateur de la République 1
Conseil National du Patronat 1
Conseil Economique et Social 1
CAFO 1
Ambassade Américaine 1
MCC 1
MCA1
APDF 1
Haut Conseil Islamique 1
Eglises Catholiques 1
Eglises Evangéliques 1
Notabilités de Bamako (NIARE-TOURE) 1
Association des Griots 1
AMDH 1
Ont signé les membres du collectif.
Les contacts Tel:
76 45 88 54
66 72 24 86
66 72 36 85
66 73 44 91
Le Républicain Mali 22/12/2011