Aujourd’hui, la bande Sahélo-Saharienne se présente comme une région géostratégique sensible et instable compte tenu de la multiplicité des crises internes, du banditisme, du trafic de drogue, de l’apparition de nouvelles formes de menaces et du terrorisme transnational. En effet, la session du Comité mixte devait insuffler une nouvelle dynamique dans la coopération bilatérale entre les deux armées pour lutter contre le terrorisme, le banditisme sous toutes ses formes, condition sine qua non de tout développement dans la bande Sahélo-saharienne.
Depuis la dégradation de la situation en Libye, les frontières des pays situés au cœur du Sahel, notamment le Mali, l’Algérie et le Niger connaissent l’arrivée de troupes venant du pays du guide déchu. Si le Niger a su faire face à ces assauts en réussissant à désarmer des éléments armés avant leur introduction sur le territoire nigérien, au Mali cette entreprise a semblé relever d’une prouesse dont Bamako a préféré s’éloigner.
Conséquence : la présence de centaines d’éléments armés à gérer avec délicatesse, telle une bombe à désamorcer. Le président Amadou Toumani Touré en rencontrant les confessions religieuses a signalé quatre groupes sur le territoire malien, venus du pays de Kadhafi. Les autorités maliennes en ont rencontré trois, cependant ATT ne dira pas les raisons pour lesquelles le quatrième groupe n’est pas rencontré. Ils sont des combattants dans l’ex-armée du Colonel libyen et ont regagné le territoire malien bien armés et aguerris. Quand au voisin algérien, plusieurs transactions d’armes et infiltrations de terroristes en provenance de la Libye auraient été avortées par les services de sécurité. Pour ce pays, le nôtre désigné comme « Sud algérien », fait partie de la zone qui « est en alerte rouge depuis plusieurs mois ».
Selon un confrère algérien de ‘’lexpressiondz.com’’ paru hier mardi 27 Décembre 2011, « les autorités militaires ont triplé les renforts au niveau de plusieurs wilayas du Sud, notamment à Tamanrasset, Adrar et Ouargla, mobilisant des moyens colossaux: avions de guerre et artilleries lourdes mais aussi des Unités spéciales formées pour le terrorisme et le crime organisé ».
La dernière opération conduite au niveau des frontières algéro-nigériennes s’est soldée par l’élimination de deux terroristes et la destruction par les forces héliportées de deux véhicules tout-terrain transportant d’importantes quantités d’armes et qui tentaient de pénétrer le sol national [NDLR : algérien], selon notre confrère. « Selon les informations en possession des forces de sécurité, des mercenaires activant au profit d’Al Qaïda au Maghreb, sur le territoire libyen, projettent d’acheminer des armes et des explosifs vers les maquis du nord de l’Algérie », indique le confrère. « Les éléments d’Al Qaïda au Maghreb sont basés au nord du Mali où elle continue de se développer.
Deux autres mouvements terroristes ont rallié la nébuleuse, il s’agit du Groupe marocain de la prédication et du combat, Gmpc, du Front islamique marocain (Fim) et des rebelles libyens en plus, selon des informations non encore officielles, de Boco-Haram nigérian, et le Shebeb somalien ». La région sahélienne représente un atout pour les terroristes, vu son immensité et les populations éparses, comptant en plus les trafiquants qui s’adonnent à tous genres de trafic, omniprésents et avec lesquels les terroristes travaillent de concert. Selon lexpressiondz.com, on compte plus de 300 terroristes en activité au Sud, très mobiles et volatiles entre le Niger, le Mali et la Mauritanie. ATT a très souvent répété : le nord malien est le sud d’un autre pays. A quand la coopération militaire entre les pays du champ, notamment entre l’Algérie et le Mali portera-t-elle ses fruits ?
Boukary Daou
Le Républicain Mali 28/12/2011