Mais qu’on ne se fasse point d’illusion : le rapport que les missionnés de la Cedeao feront à leurs pairs pourrait bien dresser un constat d’échec pour la médiation de la dernière chance. Alors, il n’y aurait plus d’alternative au coup de force militaire si les leaders de la communauté régionale sont conséquents avec eux-mêmes. Quand ? C’est une autre paire de manches quand on sait les difficultés que nos pays ont à contribuer en troupes dans les missions africaines. Et qui va contribuer ? Le Nigeria, sans doute, comme il l’a fait dans le passé et comme son rang africain l’y autorise. Mais, les manchettes de presse, ces jours-ci, donnent du Nigeria l’impression d’un pays plus en crise que la Côte d’Ivoire et c’est ça l’ironie de la chose. Le Burkina Faso ? Il y a peu de doute. Le Mali ? On sait que son président est profondément soucieux des répercussions de son action sur sa diaspora en Côte d’Ivoire.
Mais la « donne diaspora » vaut pour Compaoré et ce sera difficile pour ATT de ne pas en tenir compte. Le Sénégal ? Wade ne se le fera pas demander deux fois : son pays a l’expérience des missions de paix et Gbagbo n’est pas vraiment son verre de bissap. Le Bénin : Yayi Boni n’enverra son armée déloger son frère en évangile que le cœur serré. Idem pour le Ghanéen Mills et le Togolais Faure. Le Libéria et la Sierra Leone convalescents seront excusés d’avance. Yaya Jammeh, il ne faudra pas compter là-dessus. Or le Cap-Vert et la Guinée-Bissau sont quelque peu ex centrés.
Et quand le problème épineux de la contribution en troupes aura été réglé, il restera celui des moyens. Nos présidents s’attendront à les avoir du partenaire occidental et le résistant Gbagbo n’hésiterait pas à crier à la sous-traitance, ce qui est bon pour sa propagande. Puis viendra la phase opérationnelle qui doit se solder par le départ du chef Bété. En faisant le maximum pour que le président que l’on cherche à installer ne soit pas un simple gérant de passifs. Ce sera la mère de toutes les batailles.
Adam Thiam
29/12/2010