Les sacrifices consentis au nom de la résilience seront-ils suffisants pour éviter au pays tout retour à la case-départ de la mauvaise gouvernance ? Nous éprouvons tous cette crainte récemment exprimée par le Pr. Diola Bagayoko, un professeur distingué de physique du Southern University System (Université du Sud, en Lousiane), dans une interview. Pour cet éminent scientifique, la seule garantie pour ne pas sombrer dans une nouvelle impasse politique est d’éviter un retour précipité au fameux ordre constitutionnel. Selon lui, les participants au Dialogue inter-Maliens (DIM) en étaient conscients et c’est pourquoi ils ont recommandé de la phase communale à l’étape finale (phase nationale) la prorogation de 2 à 5 ans de la transition.
«Le Mali doit échapper à jamais aux fossoyeurs qui l’ont mis dans l’agonie» ! Telle est la conviction exprimée dans une récente interview par Pr. Diola Bagayogo, un professeur distingué de physique du Southern University System (Université du Sud, en Lousiane). Ce qui, selon lui, n’est possible que si nous assumons pleinement notre souveraineté face à des anciennes puissances voraces qui sucent toutes nos richesses et ressources pour leur propre épanouissement économique, social, culturel, diplomatique. De l’avis de l’éminence grise, la transition actuelle est bien engagée dans cette voie de la délivrance. En effet, le chemin aujourd’hui est bien balisé pour sortir notre pays du gouffre.
A son avis, les acquis qui soutiennent cet espoir de la souveraineté retrouvée ne manquent plus. Il a, entre autres, énumérés la conquête l’intégrité territoriale du pays en 2023 notamment marquée par la reprise de Kidal ; un progrès significatif et soutenu dans l’éradication de la gangrène que représentent la corruption et l’enrichissement illicite d’agents publics… N’empêche que l’éminent homme de science est convaincu qu’il faut encore des efforts soutenus contre la corruption sans l’éradication de laquelle «le Mali ne se développera pas». Il est en effet utopique d’espérer une quelconque émergence alors que quelques-uns peuvent siphonner les gains économiques et financiers pour leurs intérêts personnels. Pour y faire face, Pr. Bagayogo préconise le développement et l’application stricte de procédures administratives, financières, judiciaires… De son entretien avec la presse, on retient que cet assainissement ainsi que la consolidation de notre souveraineté reconquises sont indispensables avant toute élection.
En effet, comme nous tous (femmes et hommes), l’universitaire craint qu’un retour précipité à l’ordre constitutionnel (comme en 2013) ne soit un «retour prématuré à une démocratie abâtardie» pour replonger le Mali dans «la servitude en faveur de la France». Dans son interview, il démontre clairement que le manque d’indépendance et de souveraineté fait ou fera que toutes les décisions importantes pour le pays soient encore prises par la métropole coloniale, ses agents sur le terrain et les acteurs politiques d’une «prétendue démocratie». Et cela d’autant plus que nos présidents «démocratiquement élus» ont toujours accepté le diktat des puissances impériales, renoncé non seulement à l’indépendance et à la souveraineté réelles de leurs pays, mais aussi à toute possibilité de leur développement. Et cela parce que leur seule ambition en ce moment est de sauver leur carrière politique et non défendre les intérêts de la patrie. Heureusement que les Maliens semblent avoir enfin compris que le recouvrement et la consolidation de l’intégrité territoriale de leur pays sont une priorité absolue par rapport au retour à «toute prétendue démocratie».
Cette prise de conscience s’est traduite par la requête de la prorogation de la transition de 2 à 5 ans, une recommandation fait du début (phase communale) à la fin (phase nationale) du processus du Dialogue inter-Maliens (DIM). Pour le Pr. Diola, les représentants du peuple ont compris conscience des vrais enjeux de la crise secoue notre depuis de longues années. Tout comme ils ont compris que ce retour à l’ordre constitutionnel a aussi toutes les chance d’être «un retour à l’esclavage et l’exploitation à outrance par une métropole coloniale utilisant des agents et acteurs politiques locaux». A son avis, le Mali était (malgré l’indépendance proclamée le 22 septembre 1960) une colonie française jusqu’à la rectification de la transition enclenchée le 24 mai 2021 et qui est en train de permettre aux autorités de la Transition de se libérer de la plupart des impositions coloniales françaises.
Il revient aux Maliens de leur apporter tout le soutien requis d’autant plus que la victoire n’est pas encore totale car la France n’a pas encore dit son dernier mot. Elle a par exemple déclenché une guerre multidimensionnelle et asymétrique contre la Transition malienne, son économie, sa diplomatie et le peuple malien. Pour Diola Bagayogo, la France joue son destin et elle est prête à tous les sacrifices voire à tous les crimes pour éviter cet affranchissement de sa tutelle, pour nous empêcher de jouir pleinement de notre souveraineté retrouvée. «Si le port de Conakry n’avait pas été brûlé mystérieusement, le problème d’électricité au Mali aurait été beaucoup moindre qu’il ne l’est aujourd’hui», a souligné l’éminent physicien pour démontrer jusqu’à où l’Hexagone est prête à aller pour garde la main mise sur le Mali, sur l’Afrique et ses immenses richesses.
Puisque nous savons ce que nous risquons désormais, à nous de nous battre pour que notre pays ne puisse plus jamais sombrer sous la dent de la France, quel que soit le régime en place !
Moussa Bolly