Un putsch qui ne dit pas son nom ?

zida kafando

Ce coup peut être bref certes, le mouvement peut être initié sans intention de garder le pouvoir, il est également possible que la mutinerie concerne plus les hommes du rang que des officiers. Mais, c’est bien d’une rupture de légalité institutionnelle qu’il s’agit. Ne serait-ce que pour quelques heures ou pour plus longtemps si, avec les conseils portés par la nuit, la mutinerie se muait en putsch.

Ce serait là très dommage. Car le bateau Burkina aurait pu éviter de faire ce naufrage anxiogène au port de la démocratie. Puisque la présidentielle était annoncée pour le 11 octobre, soit dans moins de trois petites semaines. Le processus électoral n’a pas été impulsé sans problèmes, il faut le dire. En particulier, au nom de révolution plus que du droit, des candidats ont été exclus au motif qu’ils avaient soutenu la tentative de révision constitutionnelle de l’ancien président Compaoré, il y a un an.

S’agissant du fameux Régiment de Sécurité Présidentielle, auteur désigné du forfait d’hier, le débat sur son avenir passionnait et divisait. Une riposte musclée, lourde de significations et de conséquences n’est sans aucun doute pas la réponse. Il n’y aura peut-être pas de junte à Ouaga en plein cœur d’un espace Cedeao en pointe contre les putschs. Mais le Burkina Faso révèle toute sa vulnérabilité, lui qui voici seulement un an, passait pour un pays stable dans un Sahel en turbulence. Un bénéfice encore plus remis en cause depuis hier.

Et puis, question à mille balles : que sera désormais le Rsp ? Si son acte restait impuni, d’autres irruptions seraient à craindre de ce corps devenant de fait l’arbitre du jeu politique. A contrario, en cas consensus sur la dissolution de ce corps, le Burkina devrait se donner les moyens d’en limiter les dégâts collatéraux. Tout sauf une sinécure, vu les rapports de force locaux.

Adam Thiam

Source: Le Républicain 16/09/2015