La situation reste extrêmement tendue où, selon des sources indépendantes, au moins 4 manifestants auraient trouvé la mort hier (mardi 12 mai 2020) à la mi-journée suite à des affrontements entre une foule déchaînée et les forces de l’ordre. Selon de nombreux témoignages, un policier sort d’un bar la veille, tabasse un jeune homme avant de l’achever. Saoul, le policier aurait poursuivi le jeune au
seul prétexte qu’il est en train de faire le rodéo avec sa moto. Il l’a arrêté et battu, malgré ses excuses et ses supplications, jusqu’à ce qu’il soit inconscient avant de l’achever avec son arme de service. Alerté, l’un des frères du défunt est arrivé en voiture et a renversé le policier. La foule l’a ensuite déshabillé et battu. Alerté, les policiers qui sont arrivés sur le lieu ont été vite dépassés car assaillis par une foule de plus en
plus nombreuse. Ne disposant pas de grenade lacrymogène, ils vont tirer en l’air pour essayer de se dégager. Malheureusement, ces tirs qui ont fait trois nouvelles victimes, ont attiré de nombreuses personnes. La foule s’est alors dirigée sur le commissariat du 2e arrondissement qui a été incendié. Et finalement, les heurts se sont étendus à une grande partie de Kayes en fin de matinée avec ce que certains observateurs ont
qualifié de « chasse aux policiers » jusqu’à leurs domiciles. Avec une population déchaînée et déterminée à faire face aux tirs des forces de l’ordre, la ville a été rapidement paralysée avec la fermeture des services de l’administration et des marchés. Selon certaines sources, l’armée était aussi en mouvement pour porter main forte aux forces de sécurité qui attendaient une cargaison de grenades lacrymogènes de Bamako.
Si des sources policières évoquaient 4 morts à la mijournée, certains disent avoir dénombré au moins 9 victimes civiles.Ces incidents éclatent quelques jours après la répression féroce à Sikasso d’une manifestation postélectorale le jeudi 07 mai 2020. Des manifestants, constitués essentiellement de jeunes et d’adolescents, étaient descendus en ville après que la FORSAT soit intervenue pour lever les barricades qui avaient blo
quées la route nationale Bougouni-Niéna-SikassoZégoua pendant quelques jours. Ici aussi, des témoins ont accusé les forces de sécurité d’avoir utilisé des balles réelles contre la population. Trois personnes de 13 à 20 ans avaient été grièvement blessées. Si la hiérarchie sécuritaire de la ville a démenti ces accusations, la nature et la profondeur des blessures prouvaient le contraire.
Kader Toé