Un mariage forcé Suspectés d’avoir noué des liens avec le groupe terroriste, les touareg font face

 

En  cause :  leurs  liens  supposés  avec  ce  groupe  terroriste.  Niamey  a  semé  le doute  en affirmant  que  les  ravisseurs  parlaient  « majoritairement »  arabe  et tamasheq,  la  langue  des  Touaregs  de  la  région.  Une  information  reprise  par Bernard  Kouchner.  Le  ministre  français  des  Affaires  étrangères  a  déclaré qu’ils  « pourraient  traiter »  avec  l’Aqmi.  Ces  déclarations  n’ont  pas  plu aux  principaux  intéressés  qui  souhaitent  que  les  officiels  « arrêtent  de  faire
l’amalgame  entre  l’Aqmi  et  les  Touaregs ».  « C’est  trop  facile,  à  chaque  fois
qu’ilnous d’une groupe Desert Rebel et président du Collectif des associations du Nord-Niger.

La faute aux gouvernements

Après leur  intention  de  combattre  l’Aqmi.  La  mise  en  place  d’unités  spéciales  avait d’ailleurs  été  prévue  lors  des  accords  de  paix  d’Alger  en  juillet  2006  entre le  Mali  et  les  anciens  combattants.  Ceux-ci  prévoyaient  l’intégration  des ex-rebelles  dans  l’armée  malienne.  Selon  le  comité  de  suivi  de  ces  mêmes accords, le  désert  car  « ils  connaissent  bien  la  zone ».  Pourtant,  jusqu’à  aujourd’hui, aucune  unité  n’a  vu  le  jour.  Les  autorités  semblent  réticentes  à  coopérer  avec la  population  du  Nord.  « Les  Touaregs  ont  toujours  été  écartés  du  pouvoir.
Ils  sont  laissés  pour  compte  en  raison  de  considérations  ethniques »,  explique Abdoulahi Attayoub, comme « des guerriers », les hommes du désert n’ont pas bonne réputation.« Il y  a  cette  culture  de  la  méfiance  que  cultive  Bamako  depuis  l’indépendance  à l’égard des communautés du nord malien. Ce rejet de l’autre est à l’origine de tous explique  Hama  Ag  Sid’ahmed,  porte-parole  et  chargé  des  relations  extérieures du Mouvement Touareg-Mali.

Un terrain propice ?

D’après  nombre  d’observateurs,  cette  mise  à  l’écart  pousserait  les  Touaregs dans  les  bras  de  l’Aqmi.  Au  Niger,  comme  au  Mali,  les  régions  du  Nord ne  bénéficient  pas  assez  d’aides  au  développement  local.  Conséquence :  le chômage  n’en  finit  pas  de  grimper.  « Les  jeunes  tournent  en  rond,  ne  savent pas quoi faire. Il n’est pas à exclure que certains d’entre eux se rapprochent de l’Aqmi  pour  juste  se  faire  de  l’argent »,  note  M. Attayoub.  Comme  ironise  le
porte-parole qui fonctionne et qui gagne tous les marchés sans faire de l’investissement ».

Dans  les  régions  du  Sahara,  beaucoup  de  Touaregs  vivent  dans  des  conditions précaires.  Et  la  récente  suspension des vols,  par  la  compagnie  aérienne  Point Afrique vingt  pour  cent  de  la  population  vivait  du  tourisme  et  de  l’artisanat  à  Agadez (ville  située  au  nord  du  Niger,  ndlr).  Maintenant,  ils  sont  tous  au  chômage ! », confie  Moussa  Bilalan  Ag-Ganta.  Excepté  l’activité  minière,  le  tourisme  était la  principale  ressource  de  ces  régions.  Privés  de  leur  manne  financière,  les Touaregs  sombrent  dans  l’illégalité.  Selon  certaines  sources,  des  chameliers,
des jardiniers, se livreraient au banditisme pour assurer la survie de leur famille. Mais  la  conjoncture  économique  ne  serait  pas  la  seule  responsable  de  cette situation. Certains chefs de la dernière rébellion nigérienne se seraient partagés l’argent estimée entre un et cinq millions d’euros, qui n’ a pas été reversée aux anciens combattants au banditisme », commente Abdoulahi Attayoub.

Absence de cause commune

Néanmoins,  pour  les  Touaregs,  une  chose  est  sûre :  les  personnes  qui  vendent leurs  services  pour  des  enlèvements  ou  des  trafics  restent  marginaux  et  ils  ne servent  en  aucun  cas  la  cause  religieuse  des  djihadistes.  « Dans  la  région  de Tombouctou (ville située au nord du Mali, ndlr), il y a très peu de musulmans pratiquants. explique  Ibrahima,  un  jeune  touareg  malien.  Dans  cette  affaire,  les  suspicions et  les  liens  entre  l’Aqmi  et  les  Touaregs  demeurent  opaques.  Désertées  par les  journalistes  et  les  touristes,  coupées  de  l’extérieur,  ces  régions  du  Sahara entretiennent plus que jamais le mystère.

Source Afrikcom

Mardi 23/11/2010