Affrontements entre manifestants et les forces de l’ordre à Tataouine, dans le sud de la Tunisie, le 22 mai 2017 / © AFP/Archives / FATHI NASRI
Les autorités tunisiennes ont mis en garde contre un dérapage de la situation dans la région de Tataouine, dans le sud du pays, où un manifestant a été tué lundi lorsqu’un sit-in a dégénéré en affrontements avec les forces de l’ordre.
Selon un correspondant de l’AFP, aucun incident n’était à signaler mardi matin à Tataouine et à El-Kamour, site désertique à une centaine de kilomètres de là où campent depuis près d’un mois des habitants réclamant une meilleure répartition des richesses et des recrutements prioritaires dans les sociétés pétrolières.
La veille, un jeune manifestant avait été écrasé « accidentellement » par un véhicule de la Garde nationale (gendarmerie) à El-Kamour, selon les autorités. Une manifestation de soutien à Tataouine (500 km au sud de Tunis) a dégénéré et les postes de la police et de la gendarmerie ont été incendiés. Une vingtaine d’agents des forces de l’ordre ont été blessés dans les affrontements.
« Il y a de l’incitation sur les réseaux sociaux (…), des appels à la désobéissance civile (…) et même au coup d’Etat dernièrement », a affirmé lundi soir le porte-parole de la Garde nationale, Khalifa Chibani, sur la radio privée Mosaïque FM.
« Seuls les contrebandiers et les terroristes peuvent profiter de cette situation de vide », a-t-il jugé.
Le ministre de la Formation professionnelle et de l’emploi Imed Hammami, chargé des négociations sur le dossier de Tataouine, avait auparavant accusé -sans les nommer- « des candidats à la présidence et des partis en faillite » d’être derrière ces évènements.
« Il y a un petit groupe parmi (les protestataires) dont le but n’est ni l’emploi ni le développement mais (…) de brûler Tataouine », a-t-il déploré. Leur « agenda, c’est que la Tunisie ne se stabilise pas, qu’on ne fasse pas d’élections municipales (prévues en décembre, ndlr), qu’on n’aille pas de l’avant. »
Le gouverneur de Tataouine, Mohamed Ali Barhoumi, a évoqué « un dangereux complot », sans élaborer.
La tension était montée durant le week-end à El-Kamour, où les manifestants campent non loin d’une station de pompage de pétrole. Face à ce mouvement entravant la circulation des camions vers les champs pétroliers et gaziers de Tataouine, le président Béji Caïd Essebsi avait solennellement demandé le 10 mai aux militaires de protéger les sites de production d’éventuels blocages.
En fonctions depuis moins d’un an, le gouvernement est confronté à une grogne sociale croissante, en particulier dans les régions de l’intérieur du pays. Les mouvements prennent régulièrement l’allure de sit-in bloquant les accès à certains sites.
(©AFP / 23 mai 2017 11h13)