Donald Trump qui rencontre le leader nord-coréen Kim Jong Un, tente d’écarter le président vénézuélien Nicolas Maduro et retire les troupes américaines de Syrie, paraît avoir choisi la scène internationale pour s’ouvrir de nouveaux horizons.
Après s’être vu reprocher ces deux dernières années de se concentrer sur les affaires intérieures des Etats-Unis, le président américain entame la deuxième partie de son mandant en marquant la politique étrangère américaine de son empreinte.
M. Trump, qui affirme s’être découvert « des atomes crochus » avec Kim Jong-Un, rencontre le jeune dirigeant nord-coréen au Vietnam pour un deuxième sommet sur la dénucléarisation de la Corée du Nord, abordée en termes très vagues lors de leur précédente rencontre.
Les critiques ont beau souligner que le programme nucléaire nord-coréen reste intact, M. Trump s’est démarqué de la diplomatie traditionnelle en choisissant de rencontrer le dirigeant nord-coréen d’égal à égal.
Donald Trump a aussi pris l’initiative sur l’opération militaire en Syrie, en décidant de retirer les troupes américaines du nord-est du pays, provoquant la démission du ministre de la Défense Jim Mattis. Il s’est depuis laissé convaincre de garder dans le nord-est syrien une « force résiduelle » de quelque 200 militaires.
Sur le Venezuela, l’impétueux président américain se retrouve exceptionnellement soutenu par de nombreux pays sud-américains et européens, hostiles au dirigeant socialiste Nicolas Maduro dont ils considèrent la réelection comme illégitime.
– « Guerres intenables » –
Pour l’ancien diplomate Aaron David Miller, qui a conseillé six secrétaires d’Etat américains, les deux premières années de Donald Trump ont représenté une « faute professionnelle diplomatique » du fait de l’absence de décisions claires et prévisibles.
Au crédit du président américain, M. Miller juge qu’il a trouvé un bon biais pour faire baisser la tension avec la Corée du Nord et qu’il a les idées claires sur le rôle des Etats-Unis dans des conflits comme l’Afghanistan, la Syrie ou la Libye, où « il détache les Etats-Unis, à mon avis, de guerres intenables et ingagnables ».
M. Trump reste néanmoins largement isolé sur la plupart des dossiers internationaux, notamment sur l’Iran: les Européens rejettent ses appels à des sanctions contre la République islamique et critiquent son retrait de l’accord sur le programme nucléaire de Téhéran.
Les alliés reprochent aussi à M. Trump son isolationnisme, notamment sa remise en question des valeurs de l’Otan et son rejet de l’accord de Paris sur le changement climatique.
Tous les président américains n’avaient pas une expérience de politique étrangère à leur arrivée à la Maison Blanche, mais ils se sont souvent intéressés à la diplomatie à la fin de leur mandat pour tenter de marquer l’Histoire de leur empreinte, comme Bill Clinton avec le processus de paix au Proche-Orient.
– Un répit –
Pour Donald Trump, la scène internationale –y compris les poignées de mains télégéniques avec Kim Jong Un — représente un répit bienvenu alors que les pressions montent à Washington, où la publication du rapport du procureur spécial Robert Mueller sur l’enquête russe est attendue avec trépidation.
« Il y a des limites majeures à ce qu’il peut accomplir en politique intérieure, surtout maintenant que les démocrates contrôlent la Chambre des représentants », note Jordan Tama, professeur à l’American University.
« La politique étrangère est un domaine où il a beaucoup plus de latitude, parce que le président peut rencontrer des dirigeants étrangers pratiquement sans contrainte de la part du Congrès », ajoute cet expert.
Les limites imposées au pouvoir des Etats-Unis, notamment au sein des organisations internationales, hérissent M. Trump, tout comme son conseiller à la sécurité nationale John Bolton. Et le président américain n’hésite pas à apporter son soutien à des régimes autoritaires comme l’Arabie saoudite du prince héritier Mohammed ben Salmane ou l’Egypte du président Abdel Fattah al-Sissi.
Or pour M. Tama, ancien conseiller de Barack Obama, le Venezuela, un dossier sur lequel M. Trump a obtenu beaucoup de soutien, montre que le respect des droits humains pourrait servir sa présidence.
« Le cas Maduro montre que quand les Etats-Unis soutiennent les droits humains et la démocratie, ils peuvent s’aligner sur d’autres pays qui partagent ces valeurs », souligne-t-il.