Donald Trump lors d’une allocution à la Maison Blanche le 15 novembre / © AFP/Archives / Nicholas Kamm
Les Etats-Unis ont inscrit lundi à nouveau la Corée du Nord sur leur liste noire des « Etats soutenant le terrorisme », une mise au ban symbolique à la veille de nouvelles sanctions pour tenter d’endiguer ses ambitions nucléaires.
« En plus de menacer le monde de dévastation nucléaire, la Corée du Nord a soutenu de manière répétée des actes de terrorisme international, dont des assassinats en territoire étranger », a déclaré le président américain Donald Trump, qui avait promis de trancher cette question après son récent voyage en Asie au cours duquel il a poussé sa « campagne de pression maximale » pour isoler encore davantage le pays reclus.
« L’utilisation d’un agent neurotoxique par Pyongyang pour tuer Kim Jong-Nam, le demi-frère du dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un », en février en Malaisie, « est l’exemple le plus flagrant des attaques de la Corée du Nord contre ses dissidents à l’étranger », a réagi le spécialiste des sanctions Anthony Ruggiero, du groupe de pression conservateur Foundation for Defense of Democracies, qui plaidait pour une telle décision à l’instar de nombreux parlementaires.
Interrogé par l’AFP sur les « assassinats » qui ont fondé juridiquement le choix de l’administration, le département d’Etat a refusé de les détailler, évoquant des documents « classifiés ».
Donald Trump a par ailleurs évoqué le cas de l’étudiant américain Otto Warmbier, détenu par Pyongyang et décédé en juin après son rapatriement dans le coma. Le président américain a encore récemment accusé les Nord-Coréens de l’avoir torturé.
Le régime de Kim Jong-Un rejoint les autres ennemis des Etats-Unis inscrits sur cette liste noire: l’Iran et la Syrie, deux des autres principales bêtes noires de Washington, et le Soudan, qui rentre toutefois progressivement dans les bonnes grâces américaines.
– ‘Période de calme’ –
La Corée du Nord y avait déjà figuré de 1988 à 2008, pour son implication présumée dans l’attentat à la bombe contre un avion sud-coréen qui avait fait 115 morts en 1987. L’administration républicaine de George W. Bush l’avait retirée pour favoriser des négociations sur le nucléaire qui ont finalement capoté.
« Cela aurait dû être fait il y a longtemps », a dit Donald Trump en annonçant sa décision.
Le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson a toutefois expliqué devant la presse qu’il s’agissait avant tout d’une annonce « très symbolique »: « on continue à accroître la pression sur le régime de Kim pour qu’il comprenne que ce sera de pire en pire s’il refuse de négocier ».
Selon le département d’Etat, cette mise à l’index de Pyongyang l’expose à de nouvelles sanctions pénalisant des personnes et pays qui maintiennent des échanges commerciaux avec la Corée du Nord, même si l’essentiel des outils juridiques était déjà en place. Le Trésor américain annoncera dès mardi des sanctions « importantes » pour atteindre « le plus haut niveau de sanctions », a ainsi prévenu Donald Trump.
Il s’agit d' »étendre à de nouvelles entités » des punitions unilatérales ciblées prises par le passé, notamment contre une banque chinoise, a souligné Rex Tillerson.
« L’impression générale » est que la pression exercée par les sanctions déjà en vigueur « a un impact significatif sur la Corée du Nord », a-t-il dit, évoquant notamment de longues files de voitures aux stations d’essence.
Après deux résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, adoptées cet été en réponse à de nouveaux essais balistiques et nucléaires, les sanctions multilatérales ont été nettement durcies. Et les Etats-Unis incitent le reste de la communauté internationale à prendre aussi des sanctions unilatérales.
Washington demande notamment à la Chine, principal partenaire commercial de la Corée du Nord, de lâcher définitivement son voisin — Donald Trump s’est montré confiant à cet égard après sa tournée asiatique, malgré le scepticisme de nombreux observateurs.
Les Etats-Unis espèrent qu’une fois totalement isolé, soumis à un blocus économique draconien et sous la menace de l’option militaire souvent brandie par le président américain, Kim Jong-Un finira par accepter des négociations sur son programme nucléaire.
La plupart des experts estiment toutefois qu’il ne renoncera jamais à l’arme atomique, qu’il considère comme l’assurance-vie de son régime.
« Nous avons toujours espoir dans la démocratie », a assuré Rex Tillerson, qui a récemment évoqué des « canaux de communication » ouverts avec Pyongyang en l’attente d’un « signe » du dirigeant nord-coréen pour envisager des discussions. Il a souhaité la poursuite de la « période de calme » en cours — aucun tir de missile ni essai nucléaire nord-coréen depuis le 15 septembre — mais s’est abstenu d’y voir le résultat de la politique américaine.
(©AFP / 21 novembre 2017 09h49)