Le vétéran américain Chas Lehmann, partisan du président Donald Trump, le 8 novembre 2017 à Danang, au Vietnam / © AFP / LILLIAN SUWANRUMPHA
Le président Donald Trump, qui a toujours réussi à éviter la conscription, est loin de faire l’unanimité à Danang, importante base aérienne américaine pendant la guerre du Vietnam, où vivent de nombreux vétérans américains revenus dans cette région.
Donald Trump, qui effectue sa première tournée en Asie, se rend au Vietnam pour un sommet du Forum des pays de l’Asie-Pacifique (Apec) durant lequel il doit prononcer un discours très attendu par les milieux économiques.
« Quand j’ai entendu que Trump arrivait ici en novembre, j’ai dit: +Je quitte le pays+ », raconte David E. Clark, ancien marine qui vit à Danang, à deux pas de l’endroit où il était stationné pendant la guerre.
Aujourd’hui âgé de 68 ans, il était parti de Danang en 1969. Après 13 mois de service en tant qu’ingénieur de combat, le jeune homme s’était juré de ne jamais revenir dans ce pays qu’il considérait comme « le trou du cul du monde ».
Aujourd’hui, cet ancien toxicomane est marié à une Vietnamienne et travaille avec des ONG qui apportent leur aide aux victimes de l’agent orange, produit défoliant épandu par l’armée américaine pendant la guerre du Vietnam, causant encore aujourd’hui des malformations.
Clark, qui a voté pour Hillary Clinton en 2016, dit qu’il se sent maintenant comme un étranger dans son pays de naissance, et est convaincu que « Trump le bouffon » va conduire les Etats-Unis à leur ruine.
« Il va déclencher une guerre, il y aura une récession, il triplera la dette nationale, ce sera la plus grande dépression nationale que les Etats-Unis aient jamais connue », prédit-il.
Ce n’est pas une mauviette’-
Mais tous les vétérans de la zone ne partagent pas son aversion pour le président américain.
Certains ont prévu de se rendre à Danang dans l’espoir d’apercevoir Donald Trump – avec leur casquette rouge « Make America Great Again ». Chas Lehmann est de ceux-là. Il ne veut surtout pas manquer ça.
« Il a une colonne vertébrale, ce n’est pas une mauviette, et il n’est pas à la botte des partis », estime Lehmann, qui est arrivé au Vietnam en 1965 et y a servi pendant 18 mois.
Il n’est pas prévu que le président américain évoque la guerre lors de son voyage au Vietnam, qui comprend également un arrêt à Hanoï pour rencontrer les principaux dirigeants du régime communiste à parti unique.
Un signe fort qu’une nouvelle ère s’ouvre dans les relations entre les deux pays, longtemps considérés comme des ennemis irréconciliables tant la guerre a laissé un traumatisme des deux côtés.
Le milliardaire Trump a été critiqué pour avoir échappé à la conscription pendant la guerre du Vietnam. Il a obtenu quatre sursis d’engagement qui lui ont permis de poursuivre ses études et un cinquième pour des excroissances osseuses aux talons.
Il avait également créé la polémique après avoir déclaré que le vétéran John McCain, dont le bombardier a été abattu à Hanoï en 1967, n’était pas un héros parce qu’il avait été capturé.
Mais rien de cela ne choque Lehmann.
Il a offert de conduire Trump dans sa jeep américaine datant de la guerre. La Maison Blanche ne lui a toujours pas répondu.
(©AFP / 09 novembre 2017 11h24)