Deuxième événement : les troupes loyales à Kadhafi ont pris Bani Walid, hier, à l’issue de combats qui ont fait au moins cinq morts et plusieurs blessés. En début de soirée lundi, l’Afp rapportait que des miliciens lourdement armés contrôlaient encore cette ville-symbole qui fut un des derniers bastions de Kadhafi dans sa guerre contre l’Otan. Et même si Tripoli le dément, il y a peu de doutes que l’attaque contre Bani Walid soit le fait des pro-Kadhafi. Elle n’est pas la seule d’ailleurs. Depuis le 3 janvier, des violences ont éclaté dans certaines parties du territoire et elles ont été imputées aux pro-khadafi. La semaine dernière, les villes de Gharian et El Assabia ont connu quelques assauts de miliciens proches de l’ancien Guide.
Les experts parlent de risque de somalisation d’un pays qui devait son unité à la dictature et de début d’un chaos durable. La demande sociale est, en effet, devenue plus forte pendant que la Libye enregistre une baisse de revenus à cause de la guerre contre Kadhafi. La reprise de l’exploitation du pétrole n’a que timidement repris et les avoirs libyens qui étaient gelés ne sont pas libérés au rythme souhaité par le Cnt. Dans le même temps, l’impatience monte devant ce que les révolutionnaires appellent l’abandon des martyrs (blessés et morts durant le combat contre Khadafi) et l’insertion dans l’armée des combattants de la révolution.
Alors que la pression s’accentue pour liquider l’héritage Kadhafi, on parle de plus en plus du Front de Libération de la Libye, créée, semble t-il dans le Sahel, après la chute de l’ancien Guide et avec l’objectif de reconquérir le pouvoir après le retrait « des forces d’occupation étrangères ».
La Libye n’est pas sortie de l’auberge où se bousculent islamistes modérés et radicaux, anciens piliers du système devenus Cnt et nostalgiques de l’ancien régime. C’est cela la revanche de Kadhafi. Personne ne pensait qu’elle pouvait venir aussi tôt.
Adam Thiam
Le Républicain 24/01/2012