Reconstruire, c’est vouloir tirer les enseignements du passé. Et non rétablir le passé. Reconstruire, c’est savoir faire la part de ce qui a fonctionné. Tout en étant conscient de ce qui a échoué. Reconstruire, c’est avoir la prudence de celui qui sait le sol fragile, et c’est l’audace de l’homme dont l’espoir porte les convictions. Reconstruire, c’est enfin avoir la volonté de rassembler, d’associer, de réconcilier…
Un journaliste me demandait récemment ce qui n’était pas à reconstruire au Mali. Ce qui n’est pas à reconstruire, lui ai-je répondu, c’est l’idée que les Maliens se font d’eux mêmes. Celle d’un peuple. Du patrimoine qu’ils portent. De la culture dont ils sont les héritiers. De ce qui les soude, au-delà d’une crise dont nous devons collectivement sortir plus forts, plus sages, plus responsables. Les Maliens doivent retrouver ce souffle qui fera d’eux les acteurs de leur propre changement. Tous ensemble, nos aînés comme notre jeunesse, nous devons travailler à resserrer les liens de la nation, d’où le programme que je propose, basé avant tout sur la priorité donnée à la cohésion sociale, sur l’implication de tous, des autorités traditionnelles jusqu’au plus haut de l’Etat.
La cohésion sociale a pour préalable la cohérence de notre système démocratique et la refondation de ses institutions dans lesquelles chaque Malien doit pouvoir se retrouver. En qui chaque Malien doit pouvoir se reconnaître. Sur qui chaque Malien doit pouvoir compter pour défendre ses valeurs, ses droits et faire prendre au pays les bonnes directions. Qui doivent enfin inspirer à chacun l’envie de les servir. De les respecter. De les défendre.
Il n’est pas ici question de se voiler la face, ni de jouer la politique de l’autruche : notre démocratie doit faire face comme nombre d’autres à des insuffisances, à des plaies qui la fragilisent. Il nous faut réinventer une autre façon, plus vertueuse, plus efficace, de faire de la politique. Afin qu’elle cesse de donner le pauvre spectacle d’un pré carré ou s’affrontent des intérêts catégoriels, des ambitions personnelles, où se développent de petites stratégies de court terme sans grand rapport, le plus souvent, avec l’intérêt général. Le propos n’est bien sûr pas de remettre ici en cause, d’une quelconque façon, le pluralisme qui est l’une des conditions du débat démocratique. Mais le nombre de nos partis frise par exemple le ridicule et apporte la démonstration que le trop peut être l’ennemi du bien.
Sachons davantage nous réunir et moins nous disperser, au prétexte de divergences artificielles et égoïstes qui ne sont parfois que le masque d’une prétention personnelle. Sachons ne pas regarder nos formations politiques comme de simples armes de conquête du pouvoir mais comme les outils de la démocratie, du contrôle de la démocratie, les contre pouvoirs dont nous ne saurions nous passer. La démocratie ne se mesure pas au nombre des partis mais à l’intelligence collective de ceux qui représentent ou dirigent la Nation. Et nous avons trop de raisons urgentes de nous rassembler et de nous parler sans nous opposer en permanence pour des raisons qui n’ont souvent rien à voir avec l’attention portée au pays.
Car notre objectif, notre vocation c’est de rassembler. Pas de se réunir autour d’une ambition personnelle et de quelques idées opportunistes comme trop souvent notre pratique partisane semble l’illustrer. Non. Il ne s’agit pas davantage de réunir des intérêts, de regrouper des forces, de mettre artificiellement des individus les uns à côté des autres. Non, cela va bien plus loin. Il ne s’agit pas seulement d’abandonner une façon désuète de faire de la politique ou des méthodes de gestion dépassées. Non là encore, cela va au-delà.
Notre propos est autre. Il s’agit de rassembler des volontés. Il s’agit d’être les initiateurs d’un véritable renouveau démocratique, les artisans d’une véritable refondation que mérite le pays qui nous est cher, le pays que nous aimons, que nous avons vu vaciller et que nous voulons défendre, car ce pays ce n’est pas un parti, un groupe, un clan, ce pays, c’est un peuple, une nation, des Maliennes et des Maliens qui aspirent à la modernité, qui ont droit au meilleur et dont l’avenir ne se conçoit que si nous savons tous nous rassembler.
La modernité…pourquoi nous en priverions nous ? N’en serions-nous pas dignes ? Y aurait quelque chose qui ferait que le Mali n’y aurait pas droit, condamné à se satisfaire du mauvais spectacle donné par des luttes de clan le plus souvent incompréhensibles du plus grand nombre, des querelles de « préau d’école », des débats artificiels entre partis groupusculaires que seuls font naître des intérêts bien réels ceux-là mais pas forcément ceux du peuple. Y aurait-il une fatalité, une prédisposition qui rendrait le Mali incapable de se donner des institutions stables et durables, des alternances pacifiques, une maturité démocratique exemplaire ?
Je sais que rien de tout ce que je viens d’évoquer ne se décrète pas. Mais se construit. Il y a là affaire de prise de conscience et de volonté. Aujourd’hui, j’en appelle à tous ceux qui aiment notre pays comme je l’aime.
Aujourd’hui, j’en appelle à tous ceux qui ne se reconnaissent pas dans une façon dépassée et inadéquate de faire de la politique. Aujourd’hui, j’en appelle à tous ceux qui ont une ambition pour leur pays. Et plus d’ambition pour leur pays que pour eux mêmes… J’en appelle à tous ceux qui entendent, comprennent, soutiennent une idée simple qui pourrait, qui devrait être une évidence : la politique et l’exercice du pouvoir ne sont que caricatures s’ils ne sont fondés sur une éthique, sur ces valeurs dont tous les Maliens doivent se sentir dépositaires, solidaires, et dont leurs enfants et petits enfants seront les héritiers… Notre conviction à nous, elle se nourrit des principes républicains, des valeurs démocratiques, du respect qu’inspirent des institutions que nous nous sommes données, et qui nous ressemblent. Du respect de l’homme. De ses droits. De sa pensée. De ses libertés. De ses mérites. De ses valeurs culturelles.
Rassemblons-nous dans un nouveau pôle politique, un pôle politique émergent, porteur de ces valeurs, d’une nouvelle gouvernance des partis politiques, d’une citoyenneté plus active, plus engagée.
Tel est le dessein du projet Mali Horizon 2030, un pacte d’avenir, véritable contrat avec les Maliens que j’ai la seule ambition de rassembler, de conduire et d’intégrer à la marche de la civilisation industrielle, scientifique et technologique du 21ème siècle. Sans crainte, et en toute confiance parce que nous savons d’où nous venons.
Modibo Sidibé
Candidat à l’élection présidentielle de 2013
Le 22 Septembre 2013-06-10 19:17:40