Tous les signaux passent de l’orange au rouge. Les incertitudes ont fait place à l’angoisse et à l’amertume. Au fil des mois, l’espoir s’est mué en désespoir et désespérance. L’amour a cédé la place au désamour, voire à la haine. La souveraineté est sous-traitée. L’intégrité du territoire est devenue un leurre.
Le pays traverse une situation des plus inédites avec l’absence totale de l’Etat sur une grande portion du territoire. La guerre civile est dans tous les esprits. Les attaques et contre-attaques sont quasi-quotidiennes un peu partout sur les 2/3 du territoire. L’insécurité a atteint le seuil de l’intolérable dans toutes les villes et campagnes sur l’étendue du territoire. A cause d’un esprit partisan mal-à-propos, la division a supplanté l’union au sein de la nation. L’unité nationale n’est plus que quantité négligeable.
Au quotidien, le père de famille se cache pour quitter les siens le matin. Le soir, il use de tous les stratagèmes pour rentrer après s’être assuré que les enfants sont bien endormis. Quant à Madame la mère de famille, à force de compléter le prix de la popote, elle ne sait plus à quel saint se vouer. Son panier, dit de la ménagère, se vide davantage chaque jour.
Sur tout autre plan, l’honneur et la dignité sont devenus de vains mots. Le bonheur promis pour tous a été galvaudé et dévoyé au seul profit de quelques-uns (?) L’impunité est promue là où justice était légitimement attendue. La corruption et la délinquance n’ont jamais atteint un si haut niveau.
A la crise multidimensionnelle qui prévalait avant les élections générales de 2013, sont venues se greffer d’autres aussi complexes, sinon plus. De l’orange, tous les signaux sont en train de passer au rouge. Le mal-vivre est la chose la mieux partagée par l’écrasante majorité de la population. La société est à la limite du supportable. La confiance n’existe plus à aucun niveau, car tous les socles sur lesquels elle pouvait reposer n’ont jamais été autant malmenés que maintenant.
Au sommet de la pyramide, l’on fait semblant de ne rien voir, de ne rien entendre, de ne rien comprendre et surtout de ne pas être conscient des graves menaces qui pèsent sur la mère patrie. Le premier citoyen d’entre nous préfère la commodité des voyages incessants, inopportuns, voire inutiles et le luxe des hôtels 5 étoiles de par le monde, plutôt que de s’occuper des siens. Les problèmes s’accumulent et urgent les uns les autres, l’on semble se complaire dans du dilatoire et du folklore. Est-ce bien cela la démocratie promise et pour laquelle tant de vies ont été sacrifiées ? Puisse Dieu faire que leurs sacrifices ne soient pas vains !
A juste titre donc, le président du Haut conseil islamique, l’imam Mahmoud Dicko, s’est fait le devoir en tant que fidèle parmi les fidèles, ami parmi les amis, d’interpeler opportunément le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita au respect de ses engagements vis-à-vis de ses concitoyens.
Il l’a fait en des termes on ne peut plus clairs et sans ambiguïté pour quelqu’un qui voudrait bien comprendre, lors de la cérémonie d’ouverture des travaux de la table ronde de Sabati-2012, le samedi dernier au CICB. Pour le chef religieux « rien, absolument rien ne peut justifier la situation actuelle du pays », admettant néanmoins qu’ »il n’est jamais trop tard pour bien faire ».
Quel avis éclairé doublé de conseil avisé d’un fidèle. Seulement, sera-t-il entendu et à temps ? L’avenir édifiera surement à ce sujet.
B. Sidibé
Source: L’Indicateur Du Renouveau 2015-02-09 23:24:23