Non, cette publication n’est nullement liée au nouvel épisode du chamboulement gouvernemental intervenu ce samedi 3 septembre 2016, le simple citoyen que je suis et dont l’avis ne compte pas, l’avait écrit à la suite du dernier remaniement ministériel d’il y a peu de temps, par lassitude, il s’était abstenu…
Quel est le problème aujourd’hui ? Qu’est-ce qui fait couler autant d’encre et de salive dans le débat public ? C’est le problème de la gouvernance, ceux qui ont été choisis par le suffrage populaire, car ils avaient suscité l’espoir, ont failli à leurs missions et déçu.
Que faudrait-il faire alors pour donner un nouvel élan au Mali ? Le choix éclairé qui s’offre à nous électeurs par la voix des urnes en 2018… On ne pourra pas dire qu’on ne savait pas !
L’immobilisme, l’absence de prise d’initiatives, la politique de la défensive, la communication de la justification, l’absence de cap caractérisent la gouvernance d’aujourd’hui ; elle ressemble tout au plus à une grande braderie, la grande distribution, la lisibilité de l’action gouvernementale est floue ; le contexte de crise multidimensionnelle nécessitait une thérapie de choc pour réveiller le Mali qui avait touché le fond, au lieu de cela, les remèdes du candidat « Le Mali d’Abord », devenu président « pour l’honneur et le bonheur des Maliens » sont en train de créer la désespérance et de tuer le malade.
C’est peut être terre à terre, mais la tentation est grande dans le Mali d’aujourd’hui lorsqu’on devient ministre, celle d’avoir un calendrier personnel de se refaire, de s’occuper de soi-même et de sa famille au détriment de la bonne gouvernance pour le pays, car on se dit qu’on peut être débarqué du jour au lendemain !
L’ascension sociale n’est plus liée au mérite, aux compétences, au sens de l’Etat ; oui, « l’homme qu’il faut à la place qu’il faut » n’est que chimère et illusions dans « Le Mali d’Abord » lorsque, de l’opposition il y a à peine un mois, on devient ministre de la République par le fait du prince pour avoir eu un mérite : celui d’une ambition démesurée et une absence totale de scrupules, l’opportunisme à outrance.
Des raccourcis, du rafistolage
Des partants qui reviennent, des revenants qui repartent, des sursis, des jeux de chaises musicales, des non-partants… la question à se poser est de savoir : Y a-t-il un pilote dans l’avion?
Si le pays est mieux géré, si le Mali va bien, c’est dans l’intérêt de tous et ce n’est le souhait de personne de voir le pays dans une spirale d’instabilités. Est-ce être contre le pouvoir que de dire cela ?
Nous eûmes souhaité que « Le Mali d’Abord » fût le président de tous les Maliens et non celui d’un clan, la République est à terre, le bateau Mali est encore en eaux troubles, et dans cette crise multidimensionnelle d’une gravité sans précédent qui a ébranlé les fondements de notre nation, secoué la cohésion nationale et déchiré le tissu social, les défis à relever sont nombreux, immenses.
L’heure est grave et la large légitimité issue des urnes, la période de grâce n’ont pas été mises à profit pour fixer un cap ; le peuple du Mali meurtri, la nation malienne atteinte dans son honneur et sa dignité attendent des autorités des actes très forts, car en plus de la fracture sociale, il y a une défiance des citoyens vis-à-vis de la gouvernance d’aujourd’hui et au-delà, de l’ensemble de la classe politique.
L’élection à la magistrature suprême du « Mali d’Abord » avait été perçue comme une chance et en même temps un fardeau historique, celui de redonner confiance, de rétablir l’honneur et la souveraineté nationale conformément aux engagements du candidat ; nous eûmes espéré que le président eût remis le Mali au travail, restauré l’autorité de l’Etat et posé des actes très forts dans la lutte contre les maux qui constituent autant de fléaux qui minent et gangrènent l’administration et toute la société d’une manière générale : corruption, népotisme, clientélisme, trafic d’influence, détournement de fonds publics, affairisme, absentéisme, médiocrité et impunité…
Si nous faisons le constat implacable que notre liberté de choix fut le choix de nos difficultés, que l’élu du peuple fait tout le contraire de ses promesses et engagements, que faudrait-il faire lors des prochaines échéances ? Faire très attention au choix des hommes pour éviter une nouvelle erreur collective historique !
Nous ne pouvons nous résoudre à tenir le discours qui consiste à dire que les choses ne pourront jamais changer, nous ne pouvons et ne devons-nous réfugier dans la résignation de voir la médiocrité, l’incompétence, le népotisme s’ériger en modes de gestion des affaires publiques et prendre le pas sur la rigueur, le mérite, l’honnêteté, l’exemplarité, le sens de l’Etat, car les hommes passent, la République demeure. La fatalité et l’amnésie collective ne sauraient être les leviers de notre destin collectif !
Sory Ibrahim Sakho