Notre pays prépare un referendum, un des rares du Mali démocratique. Une occasion bien opportune pour panser nos institutions et redonner espoir à notre peuple. Une belle symphonie en perspective à condition, bien entendu, que les acteurs veuillent bien accorder leurs notes. A la suite du doyen Ousmane Sy nous disons aux Maliens : ‘’osons refonder’’.
Très cher ainé, j’ai lu avec intérêt votre courageuse contribution dans la parution de les Echos du mardi 06 mars 2017. A la lecture de vos réflexions riches et soutenues par des propositions hardies, je me suis dit : n’est-ce pas là un tocsin bien tardif ? A défaut d’être intervenue en amont, la contribution n’en relance pas moins un débat récurrent sur l’importance de la Constitution et de son état de santé, 25 ans après son adoption. Mais, mieux vaut tard que jamais. Chapeau Monsieur Sy.
Au moment ou les experts ou constitutionnalistes maliens mettent la main à la dernière mouture de notre future Loi fondamentale revue et corrigée, il est important de saluer la volonté politique du chef de l’Etat d’engager le toilettage de notre Constitution. Tout comme, il nous parait de bon aloi de souligner la redoutable mission confiée aux experts. Le défi, pour eux, est d’éviter les pièges qui ont conduit aux échecs des tentatives précédentes de 2002 et 2012 sous les présidents Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré. N’eussent été ces reculades, certainement bien de lacunes auraient été corrigées et notre Démocratie aurait pu bénéficier d’une cure de jouvence, bien salutaire en ces jours, croyons nous.
Hélas, en ces temps-là, les politiques ne voulurent rien entendre, soupçonnant, peut-être à raison, les initiateurs de ces révisions constitutionnelles de s’octroyer, par ce biais, des prolongations de mandat. C’était dans l’air de ce temps-là et même de celui d’aujourd’hui. En tous les cas, ce fut des occasions manquées pour retoucher les faiblesses à notre Constitution et consolider notre modus vivendi.
Pour cette fois-ci, le momentum rêvé semble être l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale. L’enjeu étant de se doter d’un « Etat fort qui mette un terme au malaise anarchique unanimement dénoncé », espère le doyen Diomansi Bomboté dans une lettre à IBK
Ce recours au peuple est un bon prétexte mais un solide argument pour asseoir une refondation institutionnelle forte. Comme les fois antérieures, la démarche, même si elle n’a pas l’adhésion de toute la classe politique, se dit inclusive. Empruntons cet autre rappel à Bomboté « Ce qui se fait pour nous doit être fait avec nous, sinon, c’est contre nous ». C’est pourquoi, sur ce projet, le ventre mou est et reste l’absence ou la timide fréquence de débats publics dans les médias
Aujourd’hui, moins qu’hier en 2002 ou encore en 2012, notre pays se trouve dans un chaos presque général rendu plus complexe par des attaques terroristes meurtrières et répétitives, presque partout dans le pays. ADMETTONS, avec le doyen Bomboté dans sa lettre à son ami, que « le Mali agonisant laisse entrevoir un nouveau Mali. Le temps est venu de rassembler toues les forces qui aspirent à faire entrer le Mali dans une ère nouvelle ».
L’urgence cruciale est donc, de s’entendre mais, du coup, de trouver des remèdes durables à nos carences institutionnelles en se parlant vrai pour l’intérêt supérieur du pays. Comme le dit un autre ainé : « montrons nous digne de nos pères . On n’a pas le droit a moins d’efforts que nos devanciers, sinon nous aurons manqué notre devoir de génération.
Notre prochain Referendum est parti pour poser les balises d’une nouvelle République avec des institutions redynamisées et aux contenus clairs et révolutionnaires. Certes, la Constitution du 25 février 1992 a été une solide boussole et un refuge sûr pour l’homme malien. Elle fut, même, une avancée incontestable avec des articles de référence stipulant que : « la personne humaine est inviolable et sacrée. Tout individu a droit à la vie, à la liberté, à la sécurité et à l’intégralité de sa personne » ; « le droit à la défense comme celui de se faire assister par l’avocat de son choix est garanti depuis l’enquête préliminaire », entre autres.
C’était il y a vingt cinq ans, dans une Afrique en quête d’émancipation démocratique, au sortir des Conférences nationales.
Dans notre Loi fondamentale en cours, il existe des aspérités à corriger comme le souligne, avec force, le ministre Ousmane Sy au sujet du monarque républicain qu’est le président, Gardien de la Constitution, du mode du scrutin, le multipartisme intégral, les candidatures, souvent fantaisistes à la présidence de la République etc.
En maints endroits du corpus du texte, une thérapie s’impose et une médication appropriée doit être inoculée. Une Constitution est faite pour être mise à jour, d’autant plus que les Lois fondamentales africaines, y compris la notre, sont, pour la plupart, de pâles copies des textes des Etats colonisateurs.
Pour toutes ces raisons et sous aucun prétexte, les républicains ne doivent faire marche en arrière face à la sclérose institutionnelle quasi générale. Ce referendum est nôtre. C’est notre banquet d’honneur. Pour un Mali nouveau aux institutions crédibles et trempées de la nécessaire respectabilité et légitimité qui font la force et l’armure des Lois suprêmes. Le défi est nôtre, à tous et à chacun. Sans parcimonie de nos efforts, apportons à l’édifice institutionnel régulateur majeur de la Nation, notre future Constitution, notre contribution positive.
Hamady Coumba DIOP
Bozola-Rue la Marne.