C’est une nouvelle forme de violation de droits de l’Homme qui a vu le jour en
Algérie. Des migrants expulsés n’ont d’autre choix que de divaguer vers le Mali et
le Niger. On assiste purement et simplement à des expulsions meurtrières vers le
Sahara.
Le désert est devenu pour eux une tombe, comme la Méditerranée. Au cours des 14
derniers mois, au moins 13 000 migrants venus d'Afrique auraient été déposés par
les autorités algériennes et livrés à eux-mêmes dans le Sahara, d'après l'Organisation
internationale pour les migrations. Condamnés à errer vers le Mali et le Niger, sans
eau ni nourriture.
Les images tournées par Ju Dennis, un homme venu du Liberia, confirme les
témoignages glaçants, comme celui de Janet Kamara.
"J'ai fait une fausse-couche sur la route, et une fillette du Cameroun aussi. Nous
avons vécu la même chose. On a perdu nos bébés, ils ont été tués. Des femmes sont
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mortes, des hommes, des enfants. Parce qu'il n'y a ni eau, ni nourriture, on meurt de
faim. Certains ont été blessés, d'autres ont disparu dans le désert parce qu'ils ne
connaissaient pas le chemin".
Le Sahara ne laisse guère de chances aux plus vulnérables et ferait chaque année
deux fois plus de victimes que les traversées meurtrières en Méditerranée. Certains
errent pendant des jours, avant que des ONG ne viennent leur porter secours.
"J'ai décidé d'y aller, même si c'était très, très risqué", explique Ju Dennis. "Si je me
faisais prendre en train de filmer, je risquais dix ou vingt ans de prison en Algérie. Et
j'ai pris ces vidéos et ces photos pour montrer ce que font les autorités algériennes à
la communauté internationale. Montrez-les au monde entier, pour qu'il voit ce qui
se passe en Algérie".
Depuis octobre, l'Algérie a accéléré ces expulsions massives, confrontée à la pression
de Bruxelles pour gérer les flux migratoires en provenance d'Afrique subsaharienne.
Le triste constat qui se dégage, dans les pays d’origine des expulsés, peu de réactions
sur le traitement dégradant envers les migrants.
A. M. C. avec fr.euronews.co