Alors que l’opinion nationale attendait une analyse indépendante sur les cas d’irrégularités et les incidents enregistrés lors des deux tours de la présidentielle, la cheffe de la Mission d’observation de Union européenne, Cécile Kyenge, s’est plutôt appesantie sur les recommandations. Elle a superbement occulté les attentes.
La Mission d’observation électorale de l’Union européenne (MOE) a présenté son rapport de l’élection présidentielle au Mali. Dans le rapport, la mission a fait 29 recommandations pour les scrutins futurs.
La cheffe de la MOE, Cécile Kyenge, a d’abord expliqué que dès son retour au Mali depuis le 21 octobre, elle a rencontré principaux acteurs électoraux et politiques, dont le président réélu Ibrahim Boubacar Kéita ainsi son adversaire du second tour et chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé.
« L’élection présidentielle de 2018 constitue une étape clé vers la consolidation démocratique du Mali. Elle s’est déroulée dans un contexte sécuritaire difficile. Cette élection représente une opportunité unique d’améliorer le cadre électoral dans un esprit consensuel, c’est toute la finalité des recommandations contenues do rapport », a affirmé Mme Kyenge, également députée du Parlement européen, lors de conférence de presse. Parmi les 29 recommandations proposées dans ce rapport, Cécile Kyenge a insisté sur la création d’une division électorale permanente au sein du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation.
« Les autres recommandations s’articulent essentiellement sur la transparence et l’exclusivité, a précisé la cheffe de Mission. Elles visent notamment à inscrire dans la loi la publication des résultats provisoires bureau de vote par bureau de vote, à actualiser le fichier électoral ainsi qu’à allonger le calendrier électoral pour une campagne effective lors l’amélioration de la formation des agents électoraux et de la procédure de nomination des assesseurs, ainsi que la réinstauration d’une réglementation sur le financement de la campagne électorale. L’accès des représentants des candidats et des observateurs nationaux et internationaux à toutes les étapes de la compilation des résultats est également préconisé par la Mission du second tour », selon Cécile Kyenge.
Ces recommandations feront l’objet d’une concertation avec les acteurs électoraux et politiques ainsi que la société civile afin de faciliter un débat en vue de leur adoption. Une mission électorale de suivi sera mandatée au Mali par l’Union européenne dans un délai de deux ans et demi pour faire le point sur la mise en œuvre de ces recommandations. La MOE UE a été jusqu’à une centaine d’observateurs déployée au Mali du 19 juin au 30 août, incluant une équipe de 10 experts à Bamako et lors de chacun des deux tours du scrutin présidentiel contact presse MOE UE Mali.
Ces panoplies de recommandations sont une impérieuse nécessité. Seulement, l’opinion fondait beaucoup l’espoir d’une analyse indépendante sur les cas d’irrégularités et les incidents enregistrés lors des deux tours de la présidentielle. Le taux de participation a été faible selon les constatations d’observateurs électoraux.
« Les incidents ont empêché le vote dans 105 bureaux » sur plus de 23 000
Lors des deux tours de la présidentielle, les incidents sécuritaires mineurs ou de cas de force majeure liés à la météo ont empêché la tenue du vote dans quelques endroits très localisés. Selon le ministère de la Sécurité intérieure, les incidents ont empêché le vote dans 105 bureaux sur plus de 23 000. En raison de l’insécurité, « 61 bureaux n’ont pu ouvrir dans les régions de Mopti (Centre) et de Tombouctou (Nord-ouest), où le matériel électoral a été saisi dans 18 bureaux, d’après la même source. Plus à l’est, dans la Commune rurale de Gandamia, onze bureaux de vote ont été saccagés, les agents électoraux agressés et le matériel détruit, ont dit les mêmes sources.
Malgré la mobilisation de plus de 30 000 membres des forces de sécurité, nationales et étrangères, a fait savoir le ministère, les attaques djihadistes ont surgies. A cela, faudra-t-il, ajouter des cas de bourrage comme a souligné la Cour constitutionnelle dans son arrêt. Cécile Kyenge s’est plutôt campé sur les recommandations. Elle a superbement occulté les attentes.
Bréhima Sogoba