TRANSITION: Une prolongation de plus en plus inéluctable

Des centaines de personnes se sont rassemblées à la Bourse du travail dans l’après-midi du vendredi dernier (13 août 2021) pour demander la prolongation de la Transition. Elles répondaient ainsi à l’appel de plusieurs associations. Une prolongation prévisible car, comme nous l’avions défendu dans les colonnes de Le Matin, 18 mois n’est pas une durée réaliste pour mener des réformes en profondeur et organiser des élections crédibles. 

«Permettre aux autorités de continuer leur combat pour un Mali nouveau, stable et développé» ! C’est l’ambition affichée par plusieurs associations qui avaient appelé les Maliens à une forte mobilisation en faveur de la prolongation de la transition de 18 mois (à partir du 15 septembre 2021). Et des centaines de citoyens ont répondu à leur appel vendredi dernier (13 août 2021) à la Bourse du travail en scandant des slogans comme, entre autres, «Assimi Goïta, le libérateur», «Assimi Goïta ou rien». 

Pour les organisateurs, les problèmes de notre pays ne sont pas l’organisation des élections. D’après eux, il s’agit de l’insécurité et de la corruption. Deux fléaux que seul un régime politiquement neutre peut combattre efficacement.

«Si vous voyez que l’ancien président Ibrahim Boubacar Kéita est tombé, c’est parce qu’il y avait l’insécurité», a indiqué le porte-parole du Collectif des jeunes patriotes du Mali, Tiéba Traoré. Les initiateurs du rassemblement ont réaffirmé leur intime conviction que les autorités de la Transition ont la capacité de ramener la paix dans notre pays si on leur donnait le temps nécessaire. «Si on a besoin des élections crédibles, apaisées et transparentes, il faut prolonger la Transition», a souligné Tiéba Traoré tout en rappelant que des élections «bâclées» vont plonger le pays dans de nouvelles contestations. Ce qui fera planer sur le futur pouvoir le spectre d’un autre putsch, d’un autre retour à la case de départ marquant un recul démocratique. 

Poser les bases d’un «Mali stable» nécessite une prolongation de la période transitoire qui divise actuellement la classe politique malienne. Elle est pourtant de plus en plus inéluctable à cause des événements intervenus le 24 mars dernier avec l’éviction de l’exécutif (le président Bah N’Daw et le Premier ministre Moctar Ouane) et la remise en selle des «Colonels» du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) et des contestataires du M5-RFP. 

La «rectification» intervenue et le débat actuel sur la prolongation de la transition nous donne malheureusement raison. En effet, après le putsch du 18 août 2020, nous avons défendu qu’il faut non seulement une transition dirigée par les militaires, mais aussi que cette période devait durer au moins 24 mois (deux ans) si on veut éviter des réformes hâtives et des élections bâclées qui ne peuvent que conduire le pays à un éternel retour à la case de départ.

«La Charte n’interdit pas une prolongation de la transition», a déclaré M. Fousseynou Ouattara, vice-président de Commission Défense/Sécurité du Comité national de Transition (CNT) dans un entretien publié dans nos colonnes mercredi dernier (Le Matin N°506 du mercredi 11 août 2021). Et aujourd’hui nous avons toutes les raisons que cette prolongation est l’objectif caché des Assises nationales de la refondation auxquelles le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga est très attaché !

Naby