Le pouvoir de Transition du Colonel Assimi Goïta s’inscrit dans la dynamique de refonder l’Etat malien ; alors que des forces hostiles à ces changements ne semblent pas abdiquer.
Lors d’une récente intervention à l’occasion de la réception d’équipements militaires, le ministre de la Défense et des anciens combattants, le Colonel Sadio Camara promettait aux groupes armés terroristes l’enfer.« Soyez sûrs de ne jamais retrouver le repos, du moins, jusqu’à ce que nos bombes et nos troupes d’assaut vous traquent et vous envoient vers le repos éternel », avait déclaré le numéro deux du régime militaire qui dirige le Mali depuis le 18 août 2020. Et le ministre de la Défense d’assurer :«Je lance un appel aux récalcitrants qui pensent que les profondeurs des grottes et le couvert des forêts leur offrent encore un quelconque répit ou qui veulent jouer la montre comptant sur un éventuel épuisement de la volonté du peuple, vos actions de harcèlement et vos attaques lâches contre les populations civiles, ne font que confirmer votre perte de vitesse.
Ce discours guerrier indique que le pouvoir actuel tient à juguler le terroriste par la force armée. Alors que cette option peut comporter des aspects perturbateurs quant à l’évolution normale de la Transition en cours. Car, par définition, les terroristes coalisés comme « forces du mal » peuvent aussi viser comme objectifs de freiner ou d’empêcher la refondation de l’Etat malien.
En effet, avec l’attaque de Sévaré du week-end dernier, l’on peut s’interroger davantage sur les capacités sournoises de nuisance des forces du mal, qui bénéficient du reste de complicités aussi bien internes qu’externes. Car, doit-on ignorer que le bilan officiel de 10 morts (civils) et de la soixantaine de blessés trouble les consciences et affectent le moral des populations. Si d’aventure, ces « attentats de désespoir » se multipliaient dans le pays, il n’est pas évident que l’Etat puisse maintenir la cadence des réformes amorcées ou en chantier. Comment l’Etat peut-il, par exemple, maintenir le cap du référendum constitutionnel, si le vaste territoire malien venait à enregistrer ces actes odieux de débandade des terroristes, surtout que ceux-ci semblent bénéficier d’appuis multiformes. Quid de l’attaque de la zone de Nara dans laquelle le directeur de Cabinet du président de la Transition a trouvé la mort ?
Tous ces actes macabres des groupes armés terroristes semblent finalement viser à mettre la pression sur les dirigeants afin de tenter de les empêcher d’atteindre les objectifs assignés. Car, un Etat confrontés à des difficultés de trésorerie, qui doit faire face à des charges supplémentaires de réfections de matériels et équipements endommagés lors de ces attaques s »imposera des défis supplémentaires. Sans compter que ce même Etat doit se saigner pour financer les réformes envisagées et aussi les élections censées couronner cette Transition.
C’est pourquoi, il sied de trouver des voies et moyens susceptibles de rassembler toute la nation au chevet du pouvoir pour pacifier le pays. Car, il n’est pas exclu que les acteurs sociopolitiques qui se sentent exclus ou marginalisés puissent tirer des ficelles de déflagrations au plan sécuritaire. Surtout que le Mali est aujourd’hui dans une situation, où le chef de l’Etat s’est finalement fait beaucoup d’ennemis. Ceux-ci devraient se réjouir d’un éventuel échec de cette Transition. De là à conclure que ces acteurs ne se priveront point de peaux de banane à glisser sur les roues de la Transition, il n’y a qu’un petit pas vite franchi.
Il appartient donc aux plus hautes autorités du pays d’éviter tout triomphalisme et tout discours va-t’en guerre pour créer et renforcer l’union sacrée porteuse de réussite pour cette période sensible de l’histoire du Mali. Kassoum TOGO