Après un coup d’Etat soft, le pays se prépare à connaitre une autre transition politique, celle que l’on présente comme la plus importante. Le Comité National pour le Salut du Peuple poursuit ses consultations auprès des personnes ressources capables d’émettre une idée directrice pour la bonne tenue de ladite transition. Cependant, alors que le virage vers un retour à la normale est amorcé, la junte et au-delà, l’ensemble des Maliens devront regarder dans le rétroviseur de l’histoire afin de ne point commettre les erreurs d’un passé pas si lointain.
L’Etat a connu un coup, vive l’Etat ! Après un putsch qui est loin d’avoir livré tous ses secrets, le pays devra aller de l’avant. La junte du colonel Assimi Goita semble être en plein réflexion tout en démarchant les personnes ressources. En attendant l’annonce des détails de ce que sera la transition version CNSP, deux règles d’or devront absolument être observées afin de mettre sur les fonts baptismaux les nouvelles autorités qui seront élus, vraisemblablement dans trois ans.
Il faudra tout d’abord que les auteurs du putsch soient animés ou s’animent d’un esprit patriotique sans aucune convoitise ou attrait pour la chose politique, et surtout pour le pouvoir. Il est bien connu que celui qui s’accapare du pouvoir pendant un temps et qui la passe à un autre, pense toujours être le vrai détenteur de l’autorité politique. C’est ainsi que plusieurs présidents de la République, dès qu’élu n’hésite pas à envoyer les ex détenteurs du pouvoir à mille lieues, ou dans certains cas, sous d’autres cieux avec en prime un poste bien juteux. Dans le cas d’espèce, après une transition que l’on espère la plus aboutie possible, la junte de Goita devra avoir l’humilité et surtout l’intelligence patriotique nécessaire de se soumettre au nouveau président élu. Cela, tout en n’interférant pas dans l’élection présidentielle, ni de près ni de loin, contrairement à la junte à Haya en 2013 qui n’hésita pas à battre campagne pour IBK. Mais en réalité, leur retrait de la scène devra commencer bien avant, dès la nomination de la personnalité qui chapeautera la transition. Un militaire reste un militaire. Il n’est que le bras armé de toute décision politique.
Mais avant, un préalable vital devra être observé. C’est l’organisation des Etats généraux de la gouvernance. La période de trois ans annoncé pour la transition est le moment propice pour faire le point ; et du pourquoi le pays n’arrive pas à s’en sortir des coups d’Etats à répétition. Il s’agira aussi de faire le diagnostic des secteurs vitaux de la gouvernance que sont la Sécurité, la Santé, l’Economie et l’Ecole. Et après cela, les forces vives de la nation pourront établir une feuille de route qui éclairera la lanterne des nouvelles autorités. Sans cela, tout travail abattu ne sera que pilotage à vue.
Ahmed M. Thiam