Doté de pleins pouvoirs pour conduire la transition à bon port, le Premier ministre Cheick Modibo Diarra est en train de s’illustrer dans la restauration de l’ordre d’avant le 26 mars 1991.
Malgré le contexte qui exige que tous les fils du pays se donnent la main, la nomination par exemple de Tiéna Coulibaly au poste stratégique de ministre de l’Economie, des Finances et du Budget (il était ministre des Finances le 26 mars 1991) est une insulte à proprement parler à la mémoire des victimes de la répression de janvier-mars 1991.
Il en est de même de Diango Sissoko qui retrouve un poste de conseiller spécial auprès du Premier ministre, chargé de définir le rôle du CNRDRE dans la transition. Cet homme qui était le Premier ministre de fait (Ndlr : il était ministre secrétaire général de la présidence de la République) de GMT, était la bête noire des Maliens.
Même s’il avait été quelque peu réhabilité par ATT en étant ancien directeur de cabinet du Premier ministre et Médiateur de la République, sa présence aujourd’hui à ce niveau de responsabilité laisse penser que le Mali attendra encore belle lurette avant de voir le soleil du vrai changement.
Le nouveau ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche était, lui aussi, un cacique de l’Union démocratique du peuple malien (UDPM, ex-parti unique). Il faisait la pluie et le beau temps à l’Office du Niger. Son passage dans divers projets maliens sous la férule du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) ne plaide pas en faveur de sa réputation de bon gestionnaire.
On peut tout aussi souligner au rouge l’arrivée à la Primature en qualité de conseillers d’un ancien directeur national de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bcéao) tout comme celle de l’ancien Vérificateur général (Végal) Sidi Sosso Diarra, qui doit nourrir quelques ressentiments à l’égard de cadres qui lui ont fait voir des vertes et des pas mûres après la publication de ses rapports de vérification.
C’est dire que le redressement tant attendu peut brusquement varier en règlements de comptes politiques pour peu que les vieux chevaux de retour s’érigent en redresseurs des torts.
Abdoulaye Diakité
L’ Indicateur Du Renouveau 08/05/2012