Transition : Le duo Assimi-Choguel aux commandes, Ce qui doit changer

A présent que le colonel Assimi Goïta dit «Asso » et le Dr Choguel Kokalla Maïga sont installés à la tête du pouvoir exécutif d’un Mali en pleins questionnements, qu’est-ce qui va pouvoir changer pour les Maliens ?

A quoi doit-on s’attendre dans un contexte aussi difficile de défis multiples ?

Contrairement au duo Bah N’Daw-Moctar Ouane, qui, par un concours de circonstances, s’est retrouvé à la tête du pays, en septembre 2020, le tandem Assimi-Choguel a visiblement agi pour se hisser au sommet de l’Etat, afin de conduire cette seconde phase de la Transition.

En effet, dès le lendemain du coup d’Etat du 18 août 2020, le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, n’avait pas dissimulé son désir de diriger le pays durant la transition qui s’ouvrait.

Et de nombreux Maliens étaient aussi dans cette dynamique.

Mais, l’hostilité de la CEDEAO et de la communauté internationale vis-à-vis  d’un tel schéma a fini par contraindre le meneur du putsch à revoir ses ambitions à la baisse.

Il se contentera, comme par résignation, d’un poste de « Vice-président de la Transition ».

Mais, il tenait à contrôler la marche du pays.

Il l’avouera dans son « acte » du 24 mai dernier, en déposant Bah N’Daw et Moctar Ouane, qui voulaient s’émanciper de son …leadership.

Il est donc établi que le Colonel Assimi Goïta a clairement voulu diriger le pays dans cette phase de Transition, qu’il a, du reste, voulue plus longue (3 puis 2 ans, avant que la CEDEAO n’impose 18 mois).

Idem pour le M5-RFP, le mouvement tombeur d’IBK, qui tenait à assumer les premiers rôles de la Transition dès son entame, en proposant dans ses rangs le président ou au moins le Premier ministre… la suite est connue.

Bah N’Daw a été sorti du bois (de son champ auquel il consacrait sa retraite et Moctar Ouane (à la faveur de vacances à Bamako, venant de Ouaga, où il officiait pour l’UEMOA). 

C’est ainsi que et le Colonel Assimi Goïta et le chef du Comité stratégique du M5 n’ont pas lésiné sur les actions en vue de parvenir à ce qui est finaleme,t arrivé du 24 au 25 mai 2021 avec la mise à la touche du duo Bah N’Daw-Moctar Ouane.

Mais le discours accusateur de ces deux cadres infortunés du pays aura son incidence.

Et c’est ce incitera aux actions attendues.

En effet, si Bah N’Daw et Moctar Ouane ont pu se constituer en obstacle contre la lutte contre la corruption, Assimi Goïta endosse désormais la lourde responsabilité de nettoyer les écuries d’Augias de la gouvernance IBK.

Et comme son Conseiller spécial, Commandant Baba Cissé, l’a dit face à la presse, si ceux qui empêchaient d’auditer la loi d’orientation et de programmation militaire ne sont plus aux affaires, le nouveau chef de la Transition et son Premier ministre, Dr Choguel K. Maïga, vont attiser les attentes dans ce domaine. 

En clair, si dans les prochaines semaines, aucun geste fort n’est fait comme signal à la fin de l’impunité, aucune obligation de rendre compte n’est concrétisée, l’on doutera en la sincérité des tenants actuels de la Transition.

En outre, « la réduction du train de vie de l’Etat », annoncée par Assimi Goïta devait être vérifiée et vérifiable.

Les mesures concrètes de cette option politique doivent être palpables, pour ne pas apparaître comme du populisme ambiant.

Et, comme Dr Choguel Maïga qui assure qu’il rendra compte de sa gestion des affaires de l’Etat, les Maliens l’attendront fermement et sûrement.

Car, il est condamnable de critiquer à gorge déployée la gestion IBK, surtout de 2018 à 2020 et se perdre ensuite dans des similitudes d’approches, devenu Premier ministre dans un contexte aussi difficile et de fortes exigences.

Ce qui doit donc changer, c’est même la méthode de gestion des affaires du pays. La culture de la redevabilité doit être érigée en principe sacro-saint.

Même si l’on admet que la Transition ne peut pas tout faire, elle doit poser des actes de « rupture positive », dont parle le nouveau Premier ministre.

C’est en cela que l’Etat va se donner du crédit aux yeux non seulement des populations, mais des acteurs sociopolitiques.

En cela, le M5-RFP joue gros.

Il doit prouver qu’il se préoccupe véritablement du Mali, et non des privilèges et avantages du pouvoir.

Par ailleurs, avec les sanctions (suspensions diverses de divers partenaires et organisations) le couple Assimi Goïta et Choguel Maïga est face à l’histoire, scruté à la loupe.

La profession de foi de « respecter l’ensemble de nos engagements… » impose une sorte d’obligation de résultat.

Puisque le Mali si largement assisté est au banc des accusés de la communauté internationale et de celle nationale.

Le « Nous n’avons pas droit à l’erreur » du Colonel Göïta doit être un tocsin quotidien ou un livre de chevet pour changer les choses et impulser le réveil vers le nouveau Mali.

Celui où l’outil de défense et de sécurité méritera respect car assurant plus de quiétude aux Maliens. 

Bruno Djito SEGBEDJI