C’est pourquoi les rencontres se sont multipliées le week-end dernier, à Abidjan avec le Conseil de médiation et de Sécurité de la CEDEAO, ainsi qu’avec les chefs de la diplomatie des pays de la sous-région. Au même moment, les supporters de la junte décidaient d’organiser une Convention nationale pour «désigner le Président de la transition». Ce forum avait été demandé par le Capitaine Sanogo au gouvernement Cheick Modibo Diarra.
Seulement voilà: en lieu et place de celui-ci, comme annoncé, c’est la «société civile» malienne, qui prend les devants pour l’organiser. En effet, nous avons reçu samedi à 14h44 un SMS du Pr. Younouss Hamèye Dicko nous disant ceci: «Attention, Convention nationale, lundi au Palais de la culture». Etonné par ce message, nous l’avons joint au téléphone pour lui demander qui organisait cette Convention? «C’est la société civile», nous a-t-il répondu. Quel sera l’objet de la rencontre «C’est pour choisir le Président de la transition», a-t-il précisé. Qui seront les participants? «Les invitations sont en train de partir, toutes les forces vives sont conviée ». Le FDR et le CNRDRE sont-ils concernés? « Ils sont tous invités, libre à eux de venir ou pas», a-t-il martelé.
Voilà une initiative qui saborde les multiples tentatives de sortie de crise de la CEDEAO. Celle-ci a maintes fois menacé la junte et ses alliés civils de sanctions, s’ils ne restaient pas tranquilles. Manifestement, le Capitaine Sanogo et ses proches se moquent éperdument des intimidations de l’organisation que dirige actuellement l’Ivoirien Alassane Dramane Ouattara. Ils veulent en effet, vaille que vaille, tenir leur assemblée, pour légitimer le chef du CNRDRE comme Président de la transition, chef de l’Etat. Ils n’entendent pas accepter le choix de la CEDEAO, qui n’est autre que l’actuel Président intérimaire, Dioncounda Traoré.
C’est dire que le Capitaine Sanogo prête le flanc à ce jeu, s’il ne le suscite d’ailleurs pas. Il joue pourtant avec le feu, qui pourrait bien le brûler et, au-delà, porter un préjudice énorme à notre pays. Il faut que Sanogo sache «qu’il n’y a pas match» entre lui, ses supporters et la CEDEAO. Le résultat est connu d’avance, car ils partent perdants. Entretemps, le nord du pays, pour lequel le putsch a officiellement été mené, est oublié. La souffrance des populations continue et les services sociaux de base, comme l’eau, l’électricité et les soins de santé manquent cruellement.
Capitaine Sanogo, libérez-nous! Epargnez à notre pays la pagaille! N’écoutez pas ceux qui vous encouragent, peut-être naïvement, à votre perte. Notre vaillante armée a besoin de vous. Parce que ce n’est n’est pas qui veut qui a pu faire tomber l’homme du 26 mars, ATT. Vous avez certes des mérites, mais pas celui de diriger un Etat. Dans le monde moderne, aucun militaire, quels que soient ses qualités et son grade, ne peut diriger un Etat par les armes.
Si Amadou Aya Sanogo a vraiment de l’ambition pour notre «Maliba», le grand Mali, il n’a qu’à démissionner des forces armées et de sécurité et se soumettre au suffrage universel direct des citoyens, dans un délai maximum de 12 mois. S’il est élu, personne n’y trouvera rien à redire. Actuellement, il ne peut pas être en uniforme et se trouver sur la même table que ceux qui ont eu la caution de leur peuple, nos élus.
Chahana Takiou
Le 22 Septembre 21/05/2012